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A TRAVERS L’INDO-CHINE

HAUT LAOS ET MEKONG


I. — DE XIENG-SEN A LUANG-PRABANG

C’est à Xieng-Sen que j’ai définitivement quitté les territoires britanniques pour entrer dans nos possessions françaises de l’Indo-Chine en descendant le Mékong jusqu’à Luang-Prabang. Un pittoresque sentier me permettra ensuite d’éviter le grand coude que fait le fleuve à Pak-Lay et d’arriver en dix jours à Vien-Tian, ce qui constitue le « record » de la vitesse. Puis tour à tour une succession de bateaux me mènera jusqu’à Savan-Nakek, nouvelle création française, en face de Ban-Mouk, au-dessus des grands rapides de Kemmarat ; de là, par une large tranchée en forêts clairières, vers la chaîne annamitique, franchie par la brèche d’Aï-Lao, j’arrive au grand pénitencier d’Annam ; enfin Maï-Lane et la rivière de Quang-Tri : tel est l’itinéraire dont les principales étapes m’ont conduite à Hué, la capitale d’Annam.

J’arrivai donc à Xieng-Sen, en pays français, au commencement de février 1897, et l’on comprendra aisément la grande satisfaction que j’ai ressentie, après quelques mois passés en pays étranger, de retrouver un compatriote en la personne d’un aimable officier de marine, isolé depuis un an sur le haut Mékong, et dont j’ignorais la présence en ce lieu. Nul n’était venu, d’ailleurs, depuis ce temps, le visiter ni le troubler dans les travaux qui avaient pour but de mener le La Grandière à la hauteur de Muong-Sing.