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vanité, arrogance, manie. Mais, dès qu’il eut le pouvoir, ses mérites trouvèrent leur mesure et leur emploi. Son droit, dès qu’il fut reconnu, cessa d’être intraitable, cet esprit en raidi devint souple et apprit à céder, cet aveugle eut peu d’égaux dans la connaissance des hommes et le discernement des choses. Il fut un des très rares hommes à qui la puissance ait apporté la sagesse. Comme le roi, le parti royaliste se trouva transformé, et nombre d’émigrés, rendus à la fois à la France et au bon sens, se signalèrent par leur promptitude à discerner dans la Révolution l’œuvre définitive, par leur fidélité à défendre contre les retours de la monarchie absolue un commencement de libertés publiques, par leur amour de leur temps et de leur pays.

La Ferronnays fut l’un d’eux, et non des moindres. Émigré, il avait été prévoyant, mais inutile ; pair de France, ambassadeur, ministre, il fut le bon serviteur d’une sage politique. On nous doit donc la suite du récit. La Ferronnays, dans cette seconde partie de sa vie, n’a pas cessé d’aimer sa femme, donc de lui écrire. Mme de La Ferronnays n’a pas clos ses souvenirs au moment où ils devenaient le plus honorables pour son mari. Et M. le marquis de Beauregard doit avoir hâte d’entreprendre la partie de son travail où il trouvera, biographe, à achever la louange de La Ferronnays, et, royaliste, à commencer celle de Louis XVIIL


ETIENNE LAMY.