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molécules dissoutes, c’est-à-dire à la concentration moléculaire.

On peut aller plus loin et s’assurer que la dépression de vapeur, indépendante déjà de la nature du corps dissous, lequel n’intervient que par le nombre de ses molécules, est indépendante aussi de la nature du dissolvant, lequel n’intervient également que par le nombre des siennes. C’est ce que M. Raoult a constaté en étudiant les différens dissolvans, benzine, éther, alcool, acétone, acide formique, chloroforme. L’effet est, en résumé, le même pour les solutions qui contiennent le même nombre de molécules dissoutes dans le même nombre de molécules dissolvantes. La dépression est proportionnelle au nombre des molécules dissoutes, et inversement proportionnelle au nombre de molécules dissolvantes.

Telle est l’interprétation lumineuse qui convient aux faits recueillis par M. Raoult et par ses prédécesseurs.

A la vérité, cette interprétation s’adapte seulement aux cas où la loi de Wûllner est applicable. Mais il a suffi d’une bien légère modification à la formule pour la rendre applicable à toutes les solutions, étendues ou concentrées. Il a suffi de dire : la dépression relative de la vapeur d’une solution est proportionnelle au nombre des molécules dissoutes, et inversement proportionnelle au nombre total des molécules dissoutes et dissolvantes. Telle est la loi des concentrations moléculaires, ou loi de Raoult.


Les mesures tonométriques sont utilisées, en physique, à quelques déterminations indirectes, de densités de vapeurs et de chaleur de vaporisation. Mais c’est aux chimistes surtout qu’elles servent pour la fixation des poids moléculaires. La plus récente application qui en ait été faite est due à Ramsay. Ce physicien anglais a déduit de mesures tonométriques les poids moléculaires de quelques métaux, tels que l’argent, le lithium, le gallium, en les dissolvant dans le mercure. Les lois qui régissent les tensions de vapeurs des solutions du sucre dans l’eau ou de l’azotate de chaux dans l’alcool, s’appliquent, en effet, parfaitement aux dissolutions des métaux dans le mercure.


A. DASTRE.