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d’autre part, qu’il s’agit de la dépression à une température donnée.

Cette loi des concentrations est d’une extrême simplicité. On est même tenté de la trouver trop simple ; et, elle l’est en effet. Nous voulons dire par là qu’elle rachète par un défaut de généralité son excès de limpidité. Elle ne s’applique pas à toutes les solutions, mais seulement aux solutions suffisamment étendues. C’est une autre loi, un peu plus compliquée, qui convient à embrasser l’ensemble des résultats relatifs à toutes les solutions. La formule de cette loi générale se simplifie dans le cas des solutions étendues ; et, c’est cette formule particulière et simplifiée qu’a trouvée Wüllner. Ce physicien, comme d’ailleurs la plupart de ceux qui l’ont suivi, avait borné ses recherches aux solutions aqueuses et même aux solutions salines. Le choix n’était pas heureux. Les sels dissous dans l’eau présentent une constitution spéciale et donnent lieu à des phénomènes complexes. Contrairement à ce qui arrive pour les dissolutions des substances organiques, les molécules salines peuvent se combiner, se dissocier, s’hydrater, se déshydrater, de la manière la plus diverse, selon leur nature et selon leur concentration dans la liqueur.

La loi des concentrations de Wüllner souffre donc, dès le début, une première restriction. Elle n’est point valable pour les solutions concentrées. Le plus simple raisonnement montre, en effet, qu’elle ne peut pas leur être applicable.

Cette restriction de la loi de Wüllner au cas des solutions étendues, apparaît comme une nécessité logique dès que l’on réfléchit à sa signification élémentaire. Dire que la dépression de la vapeur varie proportionnellement à la concentration, cela revient à dire que, si l’on fait croître la quantité du corps dissous, en l’introduisant par portions égales et successives dans le liquide, chacune de ces portions nouvelles se trouvera dans la même condition que la précédente par rapport au liquide. Chaque molécule nouvelle du corps soluble devra pouvoir faire entrer dans sa sphère d’action le même nombre de molécules du dissolvant, sans être gênée par les précédentes, sans empiéter sur leur domaine, et sans entrer en conflit avec elles. Cette condition est évidemment réalisée si le nombre des molécules introduites dans le dis- solvant est très petit par rapport à la masse du dissolvant, c’est-à-dire si la solution reste très étendue. Elle le sera beaucoup moins aisément si la solution est concentrée. Cependant on conçoit qu’elle puisse l’être encore dans quelques circonstances différentes.

C’est donc à l’expérience seule à décider des cas où la loi en question est applicable et des cas où elle ne l’est pas. Le seul point essentiel