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était d’après cela de 1/10. Mais c’est Babo qui appuya cette assertion de recherches précises et la généralisa en une formule très simple : «La dépression produite par le corps dissous est indépendante de la température. Elle est constante à toute température, pour la même solution. » Les premières déterminations numériques vérifiaient assez exactement cette relation. Tout le monde la considéra donc comme rigoureuse. M. Raoult lui-même, opérant avec l’éther, comme dissolvant de diverses substances, la trouva justifiée : la dépression était constante à 1/200 près. C’était là une concordance très satisfaisante. Les variations observées semblaient être de l’ordre des erreurs expérimentales.

Cependant, en y regardant de plus près, dans d’autres cas, — par exemple pour les dissolutions de l’azotate de chaux dans l’alcool, de la diphénylamine dans la benzine, de l’acide benzoïque dans l’acide acétique, — on vit que la dépression croissait régulièrement et systématiquement avec la température. Des considérations théoriques, tirées de la thermodynamique, montrent qu’en effet cette dépression doit s’accroître lentement avec la température. Aujourd’hui, d’après M. Raoult, nous ne devons plus considérer la loi des températures que comme une loi empirique, assez approchée cependant pour conserver une valeur pratique.


V

L’influence de la concentration de la solution s’exprime par la loi de Wüllner. Il n’y a pas de doute que la quantité de matière, de sel par exemple, en dissolution dans l’eau, ait une influence très marquée sur l’émission de vapeur. Plus la quantité du corps étranger augmente, plus le point d’ébullition s’élève ; et plus, aussi, la tension de vapeur émise à une température donnée s’abaisse. Les plus simples observations avaient montré le fait ; mais lorsqu’il s’agit de préciser la nature exacte de la relation qui existe entre la concentration de la solution et la dépression de la vapeur, il fallut des déterminations plus précises. C’est le physicien allemand Wüllner qui les exécuta, de 1858 à 1860. Il établit que la relation de la dépression à la concentration consistait en une rigoureuse proportionnalité.

La loi, à laquelle ont conduit ces mesures, peut donc s’énoncer ainsi : la dépression de la vapeur croît proportionnellement à la concentration. La concentration, c’est ici le poids de la substance dissoute dans un même poids du liquide dissolvant. Il est bien entendu,