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LA

PSYCHOLOGIE DU SPORT




Ce n’est pas du « sport anglais » qu’il s’agit ici, c’est du sport tout court. La distinction est nécessaire parce que beaucoup de personnes ignorent encore que le monopole britannique a pris fin.

Il n’était pas très ancien. Les gazettes d’outre-Manche, vieilles seulement de soixante ou soixante-dix ans, nous apprennent en quelle piètre estime nos voisins tenaient alors les exercices physiques : elles contiennent des preuves non équivoques du peu de faveur témoigné aux apôtres de la « muscularité » lorsqu’ils entreprirent de prêcher là-bas leur croisade. Mais pour avoir été retardée par l’action combinée de la paresse naturelle à l’homme et de la routine habituelle aux peuples, leur victoire, en fin de compte, n’en a été que plus complète. Le mouvement a gagné non seulement l’Amérique, mais toute l’Europe ; et, au train dont vont les choses, on peut se demander s’il ne s’étendra pas, quelque jour, au continent noir ou à l’empire jaune.

Aujourd’hui, le sport est entré dans les mœurs de toute une jeunesse qui ne se fait point « blanchir à Londres, » et ne s’avise même pas qu’en pratiquant ses exercices favoris, elle puisse accomplir un acte quelconque d’anglomanie ou de snobisme. Si j’avais conservé des doutes à cet égard, une récente tournée en Europe me les eût enlevés. Je revois dans mon souvenir la suc-