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phia au résident général l’ordre de proclamer l’abolition de l’esclavage. M. Laroche s’empressa donc de publier l’arrêt-loi suivant (20 septembre 1896) :

Article premier. — Tous les habitans de Madagascar sont personnes libres.

Art. ii. — Le commerce des personnes est interdit, sous peine d’une amende de 500 à 2 000 francs et d’un emprisonnement de deux mois à deux ans…

Art. vi. — La France renonce à frapper sur le peuple de Madagascar aucune contribution de guerre extraordinaire… Des secours, sous forme de concessions territoriales, peuvent être accordés aux propriétaires dépossédés.

La masse de la population profita de cette mesure, beaucoup d’affranchis acquirent des propriétés ; mais la noblesse hova, qui était grande propriétaire, fut ruinée. Le général Gallieni[1] arrivant quelques jours après, eut besoin de prendre des mesures énergiques pour calmer l’effervescence et faire exécuter avec modération le décret Laroche.

Tel a été, pendant le siècle écoulé, le rôle de la France dans le mouvement anti-esclavagiste. Si, au début du siècle, elle s’est laissé devancer par l’Angleterre ; sur la fin, grâce aux efforts du duc de Broglie, de Victor Schœlcher et du cardinal Lavigerie elle a repris le rang qui lui appartient à l’avant-garde des libérateurs de l’humanité esclave.


III. — MOYENS PROPRES À COMBATTRE L’ESCLAVAGE SOUS SES DIFFÉRENTES FORMES


Les règlemens, édictés par la conférence de Bruxelles, ont été bien exécutés en général, surtout par l’Angleterre, la France et la Belgique, et les rapports des gouverneurs de nos possessions d’Afrique, publiés par le ministère des Affaires étrangères de Belgique, accusent d’année en année une décroissance rapide de la traite, de sorte qu’on peut prévoir l’époque où l’esclavage, en Afrique du moins, ne se présentera plus que sous la forme des captifs de case et ne se propagera plus que par la natalité. Or, nous l’avons dit, ce genre de servitude est assez doux, il tient à la fois du servage et de la clientèle romaine ; d’ailleurs, il sera

  1. Voyez, dans la Revue des 15 mai et 15 juin 1900, la Pacification de Madagascar (1896-1898), par M. André Lebon.