Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Keller : « Ceux qui ont cru, y disait-il, que je me proposais de supprimer de suilc l'esclavage domestique chez toutes les nations musulmanes, nont rien compris à ma mission. Ce que je demande aux puissances chrétiennes d'Europe, c'est de m’aider à faire cesser la traite, c'est-à-dire la chasse à l’homme, à l’intérieur de l'Afrique, le transport et la vente des esclaves sur les marchés turcs[1]. »

Les adhésions lui vinrent de toutes parts : les plus précieuses et les plus utiles furent celles de tous les évêques de France et celle de Léon XIII qui, par un href du 17 octobre, lui envoya son approbation et ses encouragemens, en y joignant un don de 300 000 francs ; celles du roi Léopold II et de la société anti-esclavagiste de Londres. Cette dernière par l’organe de Mr Sidney Buxton, appuyé par lord Granville, posa la question d'une conférence internationale devant le Parlement. La reine Victoria, impératrice des Indes, pria le roi des Belges de prendre l'initiative de convoquer les pubsances à une nouvelle Conférence à Bruxelles. Léopold II, qui, en qualité de souverain de l'État libre du Congo, avait l'un des premiers pris à cœur cette cause, accepta et invita les autres souverains à envoyer des délégués, pour mettre (in aux crimes et dévastations qu'engendrait la traite des noirs et protéger efficacement les aborigènes de l'Afrique.

M. Spuller, alors ministre des Affaires étrangères de France, en définissait nettement l'objet dans sa circulaire aux ambassadeurs de la République : « Il ne s'agit pas seulement de prendre des mesures propres à réprimer la traite par mer, mais il s'agit en outre de délibérer sur les mesures qui permettraient de prohiber la capture des noirs à l'intérieur de l'Afrique. C'est là une question qui a pour nous une importance d'autant plus grande que nous avons sur le continent africain des possessions plus nombreuses. »

La Conférence de Bruxelles, où la France fut représentée dignement par M. Bourée, notre ministre en Belgique, et par M. Cogordan, ministre plénipotentiaire, et à laquelle prirent part, outre les puissances chrétiennes, des plénipotentiaires de la Turquie, de la Perse et du sultan de Zanzibar, ne trompa point les

  1. La Société anti-esclavagtste de Paris fut fondée en 1888 ; son premier Bulletin mensuel parut le 25 octobre 1888 ; il s'annonçait comme faisant suite au Bulletin des missions d'Afrique, qui était publié tous les trois mois, sous les auspices de l'Œuvre de Saint-Augustin et Sainte-Monique, depuis novembre 1811.