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agriculteurs, en dépit de leur éloignement ou de leur ignorance de la vie des champs, ceux qui fuient le bruit, le train et les exigences du monde, la fièvre et les fumées de la spéculation, et préfèrent à toute autre chose le calme, le repos, les garanties d’un bien-être, modeste peut-être, mais assuré, le plein air et une certaine indépendance. L’équilibre est rompu sans doute, entre les centres urbains et les centres ruraux, mais il pourra se rétablir. Un fait nouveau se dessine : attendons, et évertuons-nous, par tous les moyens, à lui donner l’ampleur qu’il pourra prendre un jour. »

Ce sont là, on en conviendra, des paroles qui dissiperaient bien des inquiétudes, qui rasséréneraient bien des esprits.

Mais, pour nous en tenir à ce qui est, si pénible que cela soit, reconnaissons tout ce que le désarroi actuel a d’intense, de violent et presque d’irrémédiable. N’oublions pas cependant que le caractère du progrès est de déterminer des crises qui, à leur tour, cèdent à une nouvelle poussée de ce même progrès, une fois que la transformation opérée a porté toutes ses conséquences. Les spécialistes nous diront, ils nous disent déjà d’où viendra le salut pour les campagnes ; et, comme la crise est double, qu’elle congestionne les villes dans la proportion où elle dépeuple les champs, ils nous indiqueront aussi les mesures à prendre en vue de préparer, pour l’avenir, des cités répondant mieux aux besoins des fourmilières humaines qui y vivent. Les pages que nous venons de tracer, et que nous arrêterons là, pourront être considérées comme une introduction au vaste sujet qui se dresse devant nous, et dont nul ne saurait s’exagérer les difficultés, la complexité surtout, non plus que le caractère si actuel et si pressant.


LOUIS WUARIN.