dépréciation très sensiblement égale du prix du sol, attestée par les chiffres des ventes de terrain et par les nouveaux contrats de fermage.
M. Georges Blondel, dans son importante enquête sur les Populations rurales de l’Allemagne, parue en 1897, fournit les détails suivans concernant la Saxe :
« D’après le dernier compte rendu, le prix du sol a baissé de 10 à 25 pour 100 dans la régence de Magdebourg, de 15 à 40 pour 100 dans celle de Mersebourg et d’Erfurt, de 10 à 33 pour 100 dans les principautés d’Anhalt. Le prix des fermages a diminué de plus de moitié sur quelques points (dans les environs d’Erfurt notamment), au moins en ce qui concerne les domaines d’une certaine importance. La diminution ne paraît être que de 15 à 20 pour 100 pour les petits domaines. »
Si l’on excepte certaines contrées ou absolument privilégiées, ou absolument disgraciées sous le rapport agricole (à citer parmi ces dernières l’Est des Etats-Unis, avec ses « fermes abandonnées »), la situation de la Saxe exprime assez bien, nous semble-t-il, celle de la plupart des pays civilisés à l’heure où nous sommes. Il est vrai que l’agriculteur ne fait pas seulement du blé et que, celui-ci manquant, il lui reste d’autres emplois de sa terre et de son travail. Nous en convenons volontiers, mais comment n’être pas frappé du changement qui s’est accompli dans l’espace d’une génération et qui a eu pour conséquence : 1° de classer parmi les cultures non rémunératrices, dans les conditions d’exploitation jusqu’ici usitées, le blé, le produit qui, pendant de longs siècles, a constitué le premier rendement de la ferme : 2° de causer une baisse sans précédent dans la valeur du prix du sol. Voilà une crise économique, s’il en est une, et il faut bien reconnaître que c’est le campagnard qui en fait les frais.
On s’est donc demandé par quoi remplacer les céréales disqualifiées, mais tout aussitôt de grandes difficultés sont apparues. On se heurte surtout à celle-ci : la même concurrence formidable qui fait qu’en nombre de régions de l’ancien monde il a fallu renoncer à semer du blé au delà de limites très restreintes, se rencontre lorsqu’on se porte vers d’autres productions. Il eût été fort commode, par exemple, de pouvoir se rabattre sur la culture de la pomme de terre, mais la mévente du précieux tubercule dont l’emploi, pour des populations nombreuses, présente presque l’importance du pain, a tout gâté. En donner un plein sac pour