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plus fort, étant donnée l’importance des nouveaux territoires colonisés et celle de l’immigration étrangère.

Parallèlement à la diminution des habitans des campagnes, nous avons l’agrandissement énorme des villes anciennes et l’apparition d’un grand nombre de centres nouveaux. Le phénomène le plus frappant ici est la croissance prodigieuse des cités de premier rang, historique ou industriel, mais il est difficile d’en donner une idée précise par les statistiques. Ce qui complique, en effet, ces relevés, c’est le fréquent déplacement des frontières urbaines, qui fait que, lorsque nous parlons d’une ville à différentes époques, en réalité ce n’est pas du même objet qu’il s’agit. Les lignes suivantes de M. D. Pasquet sur Londres[1] nous offrent un exemple typique : c’est celui de la vaste métropole des bords de la Tamise élargissant progressivement son territoire en absorbant chaque fois de nouvelles localités du voisinage : « Ouvrons…, à l’article Londres, le compte rendu d’un recensement de la population anglaise. Nous voyons d’abord que le greffier général distingue deux Londres : 1° Londres intérieur (Registration London, Inner London, London proper), qui a une superficie d’environ 302 kilomètres carrés et une population de 4 411 710 habitans au recensement de 1896 ; 2° le plus grand Londres (Greater London, outer London), qui forme autour de Charing Cross un cercle de 25 kilomètres de rayon. Avec une superficie totale de 1 794 kilomètres carrés, il renferme une population de plus de 6 millions d’âmes.

« Les paroisses de Londres ne sont pas de simples divisions administratives comme les arrondissemens de Paris ; Paris est divisé en arrondissemens, Londres est une association de paroisses. De là vient que le Londonien n’a que rarement pour sa ville un attachement profond ; Londres n’est pas, comme Paris, une personne vivante que l’on puisse aimer. Il n’y a pas d’esprit londonien, pas de patriotisme londonien… On a pu, sans soulever de bien vives protestations, proposer de diviser Londres en dix villes, de la taille de Manchester, chacune avec son Lord Maire et sa corporation municipale. »

Quelque difficulté que présente l’étude du développement des centres populaires, voici pourtant encore quelques chiffres extraits de documens officiels :

  1. Voyez Annales de Géographie, 1898.