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par leur mobilier, et par les squelettes qu’elles renfermaient, attestaient ou la même époque, ou une époque postérieure très voisine. Ces tombeaux, me disais-je, sont bien ceux dont parle l’auteur du Traité d’Isis et d’Osiris ; et voici que les tombes de l’est m’apportèrent tout à coup une confirmation inattendue. Il est raconté dans la légende d’Osiris qu’Isis, ayant appris le meurtre de son mari, coupa sa chevelure en signe de deuil et la lui consacra. Or toutes les tombes du côté est étaient des tombes de femmes, autant que j’ai pu en juger d’après les stèles que j’ai trouvées, et dans toutes je rencontrai des cheveux, même dans celles dont on avait enlevé les squelettes : ces cheveux étaient tous tressés et une grande partie des mèches trouvées attestaient un art et une patience comme seuls peuvent en avoir les artistes capillaires, et encore douté-je qu’on puisse faire aussi bien de nos jours. Au côté sud, je rencontrai, en quantité considérable, des étoffes de toutes les qualités alors usitées, et je pus vérifier ainsi la légende ajoutant qu’avec les mèches de sa chevelure, Isis consacra aussi ses habits : elle le pouvait apparemment, puisque les étoffes étaient parfaitement connues. Tous ces faits venaient donc à l’appui de la conclusion que je pouvais tirer.

Le mobilier funéraire de ces tombes me confirma aussi dans mon espérance. Je retrouvais, en effet, dans ces tombes, les objets que j’avais découverts, l’année précédente, dans le tombeau de Set et de Horus. Malheureusement, la plupart des objets rencontrés, au lieu d’avoir été conservés en bon état par le sable, avaient été tellement viciés par l’air et par leur long séjour dans les tombes, qu’à peine sortis du sol, ils tombaient en poussière. Seuls, les vases en pierre avaient résisté à cette lente action de l’air ; mais, sauf un seul qui est resté au musée de Gizeh, ils avaient tous été brisés, et j’ai eu beau rapprocher les morceaux les uns des autres, je n’ai pu en former que très peu de complets.

Il faut, à ces deux causes de destruction, en joindre une troisième, qui, lorsque je l’observai, me fit abandonner un moment tout espoir de rencontrer quelque objet que ce fût : je remarquai en effet, du côté est, qu’à une très petite distance au-dessus des tombeaux, courait une couche de cendres dans lesquelles étaient de très nombreux fragmens d’objets brisés, calcinés, éclatés ou fondus. Les silex, en particulier, avaient subi l’action du feu d’une manière incroyable, et il y en avait des quantités considérables. Tant que