Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 159.djvu/628

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur aurait restitué tout leur bétail et payé la valeur de tout ce que les Zoulous leur avaient détruit. Dingaan leur envoya alors de fréquens messages, leur fit des promesses de restitution, leur désignales lieux où le bétail et les fusils seraient délivrés ; mais les Boers découvrirent bientôt que tous ces messages n’avaient d’autre but que d’entretenir un système d’espionnage, car un de ces prétendus messagers, qu’ils retinrent comme prisonnier, avoua qu’il n’avait été envoyé que pour s’assurer si les fermiers retournaient graduellement à leurs fermes ou s’ils continuaient à se tenir dans leur laager.

C’est alors que la fortune suscita l’événement imprévu qui devait assurer aux Boers la possession de tout le territoire du Natal. Panda, un frère de Dingaan, venait d’atteindre l’âge de la virilité ; mais, ayant vécu dans la débauche, il n’avait rien de martial et était la risée des guerriers ; il contrastait étrangement avec Dingaan, dont la passion des armes était insatiable, et qui, après l’écrasante défaite que lui avaient infligée les Boers, avait rassemblé une nouvelle armée dans le dessein d’attaquer Sapusa ; mais il essuya encore une fois une sanglante défaite. Aussi les Zoulous commençaient-ils à se lasser de ces guerres meurtrières : nombre d’entre eux se rangèrent du côté de Panda, qui voulait la paix avec les Boers et les tribus voisines. Dingaan épia dès lors l’occasion d’assassiner son frère. Panda, ayant sans doute eu connaissance de ses intentions, s’enfuit avec ses partisans, franchit la Tugela près de son embouchure, s’empara du territoire de l’Unwotu, et envoya des messagers implorer l’aide des Boers. Ceux-ci soupçonnèrent d’abord un complot tramé entre Dingaan et Panda en vue de les attirer dans leur pays ; mais, après de fréquentes conférences, ils en vinrent à conclure un traité d’alliance offensive et défensive par lequel ils s’engageaient à soutenir et à défendre Panda, qui promettait de son côté de soutenir les Boers contre Dingaan. Au début de l’année 1840, une troupe de 400 cavaliers, placée sous le commandement d’Andries Pretorius, se joignit à l’armée de Panda, forte de 4 000 guerriers : mais les Boers se tinrent prudemment à une certaine distance de l’armée de Panda, qui, sous la conduite de Nonklass, n’attendait que le moment d’entrer en action.

Sur ces entrefaites, un des principaux envoyés de Dingaan, Tamboosa, arriva à Pietermaritzburg avec un message spécieux qui contenait des offres de paix. L’envoyé fut saisi avec son compagnon,