les malfaiteurs !) Aucune résistance de la part des victimes de cet effroyable guet-apens. Les sauvages les saisissent par les pieds, les traînent jusqu’à une colline voisine, et, là, les mettent à mort en leur fracassant le crâne à coups de massue. Par un raffinement de cruauté, ils imposent à Relief le spectacle du supplice de tous ses compagnons. Il est égorgé le dernier, et les bourreaux lui arrachent le cœur et le foie. Des 66 braves et des 30 Hottentots qui accompagnèrent Relief au kraal de Dingaan, pas un seul ne revint. L’horrible drame eut pour seuls témoins William Wood et le missionnaire Owen, qui le virent de la porte de leurs huttes. Débarrassé de Relief, l’horrible Dingaan ne perdit pas de temps pour achever son œuvre : on le vit conférer avec ses principaux capitaines, et il s’était à peine écoulé quelques heures depuis le massacre, qu’une nombreuse armée zouloue partait du kraal et se dirigeait, à la manière des chacals, dans le silence de la nuit, vers les campemens des Boers, dont ils connaissaient parfaitement les positions par les rapports de leurs espions. Dans la nuit du 16 au 47 février, longtemps avant l’aube, les sinistres guerriers noirs, armés d’assagaies et de boucliers de peau, remontent la rivière Blauwkrans et arrivent sans bruit, dans l’obscurité, aux premières tentes des Boers. Ils fondent à l’improviste sur les bandes éparses campées au bord de la rivière. Surpris dans leur sommeil, les Boers sont égorgés avant d’avoir pu tirer un coup de fusil. Les barbares n’épargnent ni les vieillards, ni les femmes, ni les enfans. Ils vont de campement en campement, et, avant que l’homme de garde ait pu se rendre compte de la cause des aboiemens des chiens, ils font irruption dans les tentes et y sèment partout la mort.
Mais, aux premiers rayons du jour, les Boers, revenus de la terreur et de la confusion de la nuit, se hâtent de se mettre en état de défense et de disposer les chariots en carré. C’est une lutte effroyable, héroïque, où une poignée de fermiers tient tête à toute une armée de Zoulous : ils manient leurs fusils avec tant de sûreté de sang-froid, que chaque balle porte, et finalement ils font reculer les bandes sauvages, qui prennent la fuite après toute une journée de combat, emmenant une grande partie du bétail des Boers, mais perdant un grand nombre des leurs dans les eaux grossies de la rivière des Rosmans. La petite ville qui s’élève aujourd’hui près du lieu funèbre où des centaines de braves perdirent la vie porte encore le nom de Weenen : « Larmes. »