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se demanda si ces Anglais avaient un droit sur le Natal, ou si le gouvernement britannique pouvait, de par le droit de ces Anglais, élever des prétentions sur cette colonie. En examinant les faits que constataient les pièces du temps, il se convainquit que le Natal, abstraction faite des droits de Dingaan, le grand chef des Zoulous, était une terre vacante. Il est vrai que les chefs zoulous avaient, en différens temps, donné des terres dans le voisinage de la baie de Natal à quelques Anglais ; que ces Anglais avaient fondé Durban en 1835 ; que ces mêmes Anglais avaient mis tout en œuvre pour déterminer le gouvernement royal à faire du Natal une colonie britannique, qu’ils avaient déjà baptisée du nom de Victoria ; mais ils s’étaient heurtés à un refus plus formel encore que celui essuyé en 1824 par le lieutenant Farewell, auquel lord Somerset, gouverneur de la colonie du Cap, avait fait savoir qu’il ne pouvait autoriser la prise de possession de terres sans qu’il en eût connaissance. À la pétition des marchands qui demandaient du roi d’Angleterre d’établir une colonie de plantation à Port-Natal, le secrétaire des Colonies fit cette réponse, on date du 12 mars 1835, que « Sa Majesté avait résolu de ne pas établir une colonie britannique au Natal, le gouvernement royal considérant le Natal comme une terre étrangère, régie par des chefs étrangers, avec lesquels il n’avait ni le droit ni l’intention d’avoir des démêlés. » Les marchands répondirent à ce refus en protestant contre l’application que lord Glenelg prétendait faire au Natal de la loi qui soumettait à la discipline du gouvernement britannique tout sujet anglais qui se rendrait coupable d’un délit hors du territoire anglais. Ils prétendirent que le Natal était un pays libre, qui, étant soustrait à la protection du gouvernement britannique, était soustrait aussi à son droit de police. Sans vouloir trancher cette difficulté de statut personnel, on peut tenir pour certain qu’en 1837, le Natal n’appartenait pas plus à l’Angleterre qu’aux Portugais qui le découvriront en 1497, ou qu’aux Hollandais qui y achetèrent des terres, on 1719, lorsque la Compagnie hollandaise dos Indes Orientales y établit une colonie de plantation. Portugais et Hollandais n’y avaient fait que des apparitions éphémères et on petit nombre, comme celle des trente Anglais qui se trouvaient au Natal lorsque y arriva le grand exode de 10 000 Boers.

Relief passa neuf jours à Port-Natal et y trouva un accueil très amical chez, les Anglais, qui lui envoyèrent une adresse exprimant le vœu qu’il y eût toujours une bonne intelligence entre eux