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françaises pour qu’en toute matière, elles exerçassent, sans distinction de nationalité, les pouvoirs qui leur étaient impartis, » sous la seule réserve que les juridictions consulaires pourraient liquider les affaires déjà inscrites à leur rôle.

L’exécution de ces mesures n’alla point toutefois sans susciter quelques protestations : certains des consuls visés par les instructions relatives aux attributions juridictionnelles jugèrent ces instructions excessives ; en revanche, nombre d’industriels français proclamèrent insuffisant le droit de 10 pour 100 qui les protégeait maintenant contre la concurrence étrangère.

Des premiers, il n’y a pas grand’chose à dire : deux d’entre eux, qui représentaient l’Angleterre à Tananarive et à Tamatave, étaient, non pas des consuls de carrière, mais de simples commerçans, investis des fonctions consulaires, et qui trouvaient fort déplaisant de se voir subitement dépouillés du prestige et des émolumens qu’ils retiraient de l’exercice de la juridiction civile, commerciale ou criminelle sur les sujets de Sa Majesté Britannique. Durant quelques mois encore, ils assaillirent les autorités françaises de réclamations, chaque fois que leurs nationaux étaient impliqués dans un procès devant quelqu’un de nos tribunaux. Cela n’empêcha plus un instant la justice régulière de suivre son cours, mais, comme le bruit que faisaient ces personnages devenait à la longue difficilement tolérable, on les menaça expressément de rupture des relations officielles, officieusement d’expulsion[1]. Ils se résignèrent et se turent.

Infiniment plus compliqué était le règlement de la situation douanière. Avant même que la loi du 6 août eût été promulguée, les industriels français avaient revendiqué la protection du tarif général de 1892 pour leurs importations à Madagascar ; ce fut bien pis après que l’île eut été proclamée colonie française. Mais les obstacles étaient nombreux et sérieux, qui s’opposaient momentanément à la réalisation de ce vœu.

Et tout d’abord, le revenu des douanes formait la partie la plus claire des recettes, pour ne pas dire l’unique recette, du budget local de Madagascar, dans une période de troubles intenses comme ceux que l’on traversait alors. Comment équilibrer le budget, soit en 1896, soit même en 1897, si l’on commençait par affranchir de tous droits d’entrée les produits français et par

  1. Février 1897.