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II

Tandis que ces débats, plus théoriques que pratiques, se déroulaient à Paris, la situation évoluait à Madagascar et révélait peu à peu les difficultés auxquelles un prochain avenir allait nous condamner à faire face. Aussitôt en possession du traité du 1er octobre, le général Duchesne avait pris ses dispositions pour rapatrier le plus rapidement possible la majeure partie du corps expéditionnaire, comptant seulement laisser, après son propre départ, 2 500 hommes à Tananarive, 500 à Fianarantsoa, deux compagnies à Tamatave, autant à Majunga. Le général Metzinger commença ce mouvement d’évacuation dès le 22 octobre, repliant toutes les troupes d’étapes entre la capitale hova et Majunga. En même temps, pour éviter un retour offensif des Hovas après la diminution de nos effectifs, on procédait à leur désarmement méthodique, ne se bornant pas à retirer fusils et munitions des mains des anciens soldats réguliers du gouvernement malgache, mais poussant le zèle, sur de nombreux points du territoire, jusqu’à enlever les sagaies détenues par les populations villageoises des frontières de l’Emyrne.

Les premiers résultats de ces opérations parurent assez satisfaisans pour que le général Duchesne écrivît à Paris le 22 octobre[1] : « Notre situation s’améliore tous les jours et le gouvernement hova se montre très empressé à nous satisfaire. C’est pourquoi j’insiste d’une manière toute particulière sur la nomination immédiate d’un résident général. Il faut, en effet, je crois, profiter de la bonne volonté et de la docilité que la reine et les ministres nous témoignent en ce moment, pour mettre en train et régler même définitivement certaines questions urgentes, que je crains d’engager dans une voie qui ne serait pas conforme à celle que le futur résident général se proposerait de suivre. » De son côté, M. Ranchot, que le ministre des Affaires étrangères avait placé comme conseiller aux côtés du commandant en chef, qui connaissait bien Madagascar pour y avoir longtemps séjourné, et qui avait signalé l’inconvénient de désarmer trop complètement les villages frontières, écrivait cependant le 31 du même mois : « On peut considérer comme un fait définitivement acquis aujourd’hui

  1. Arrivé le 6 décembre 1895.