Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 159.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA PACIFICATION DE MADAGASCAR
1896-1898

I
DU PROTECTORAT A L’ANNEXION

Parmi les récentes entreprises coloniales de la France, il n’en est peut-être pas qui, dans un délai plus court, ait à la fois occasionné plus de difficultés et procuré de plus rapides succès que l’occupation de Madagascar, ni dont l’histoire mette mieux en lumière et la vanité de l’esprit de système et le rôle capital des individualités en semblables matières. À ce titre seul, elle mérite de retenir l’attention du public, trop souvent porté à méconnaître la complexité de la tâche qu’il attend des serviteurs du pays et la valeur relative des idées et des hommes.

A d’autres points de vue encore, cette histoire n’est pas indifférente : l’infinie multiplicité des questions diplomatiques, militaires, administratives ou financières qui se posent simultanément lorsqu’une grande puissance européenne prend possession d’un aussi vaste territoire ; l’enchevêtrement parfois inextricable de ces questions ; l’insuffisance des moyens dont on dispose pour les résoudre ; l’impatience qu’une opinion trop souvent fébrile et impressionnable mot à laisser s’accomplir, avec la lenteur et les précautions nécessaires, les évolutions utiles ; la variété et l’ingéniosité des expédions auxquels il faut avoir recours quand on