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vigilance. Sa résistance aux libéralités du Maître, qu’il n’adoucissait point par l’aménité des formes, l’avait rendu insupportable aux courtisans. « Je n’ai pas d’argent, je ne paierai pas, » disait-il. Il s’agissait parfois de 200 000 francs. L’Empereur lui proposa les Finances, il refusa. Sur son refus, il lui dit : « Je vais vous faire duc. — Ce serait ridicule, je donne ma démission. » Il la donna, en effet, à la joie des quémandeurs du Palais, débarrassés d’un tuteur importun. Il fut remplacé aux Finances par Forcade de la Roquette, frère utérin de Saint-Arnaud. Le ministère d’Etat fut donné à Walewski, et l’administration de la Maison de l’Empereur confiée au Grand Maréchal du Palais, Vaillant.

L’Empereur eût voulu remplacer Billault par Morny au ministère de l’Intérieur, mettre aux Affaires étrangères, Persigny, dont le maintien à Londres devenait de plus en plus difficile, et créer Rouher ministre sans portefeuille. Morny ne voulut pas abandonner la présidence du Corps législatif, qui lui donnait une force indépendante, près de s’accroître encore. Rouher refusa de quitter le Commerce et les Travaux publics : il avait fait le Traité de commerce et désirait en suivre l’exécution. On s’arrêta à faire Walewski ministre d’Etat, Forcade, ministre des Finances, et Persigny de l’Intérieur. Billault, Magne furent nommés ministres sans portefeuille, chargés de représenter le Gouvernement devant les Chambres.

Le soir de cette séance, l’Empereur alla assister à une réception de la princesse Mathilde : on remarqua son air satisfait.


EMILE OLLIVIER.