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ignorés. On connaissait seulement quelques fontes métalliques, c’est-à-dire que l’on savait depuis longtemps que certains métaux en fusion pouvaient dissoudre des quantités variables de carbone. Ce sont ces solutions qui sont appelées fontes ; la fonte de fer en fournit un exemple. Mais, au point où nous en sommes, il n’est plus question de solution : il s’agit de combinaisons véritables du carbone avec le métal.

Il existe deux séries de ces carbures. Ils se distinguent en ce que les uns sont stables en présence de l’eau, tels les carbures de chrome, de molybdène, de tungstène et de titane. Nous n’avons pas le loisir d’en parler ici. La seconde série est formée des carbures qui décomposent l’eau à froid ; c’est le plus grand nombre : tels les carbures alcalins et alcalino-terreux, le carbure d’aluminium, de glucinium, etc. C’est là une réaction extrêmement curieuse et qui présente une importance exceptionnelle pour l’explication de certains phénomènes géologiques.

En décomposant l’eau froide, quelques-uns de ces carbures forment un carbure d’hydrogène isolé et très pur. C’est le cas du carbure de calcium. Le métal s’unit à l’oxygène pour former un oxyde, et l’hydrogène au carbone pour donner l’acétylène .

On sait l’importance que cette réaction a prise au point de vue industriel. L’acétylène est un nouveau gaz d’éclairage dont il serait téméraire de préjuger l’avenir. Déjà son usage est très répandu. M. Travers (de Londres) est le premier qui ait obtenu ce corps, par un procédé plus laborieux : il a aperçu aussi, bien facilement, la manière dont il se comportait avec l’eau. Ceci se passait en 1893. En même temps, M. Thomas Wilson, en Amérique, entrevoyait le même composé. Du moins, il y faisait une allusion un peu vague. Au commencement de 1894, M. Moissan présentait à l’Académie les résultats de l’étude approfondie que, de son côté, il avait été amené à faire sur ce corps. Sa méthode de préparation au moyen du four électrique, est entrée immédiatement dans la pratique industrielle.

Une autre série de carbures, tel le carbure de manganèse, donnent en présence de l’eau froide non plus seulement de l’acétylène, mais un mélange d’acétylène et de méthane, c’est-à-dire de gaz des marais ou de grisou. Le mélange des gaz devient encore plus complexe avec d’autres composés de ce genre — et, enfin, une dernière série de carbures métalliques, tels que ceux d’uranium et de cérium donnent naissance à une notable quantité de carbures d’hydrogène solides et liquides, c’est-à-dire de pétroles. C’est là un fait des plus curieux. M. Moissan l’a appliqué à l’explication de la production natu-