fait varier leur distance de 1 centimètre à 2 centimètres et demi, suivant que le creuset se remplit, au cours du fonctionnement, de vapeurs métalliques plus ou moins conductrices. Il est guidé, dans cette manœuvre, par l’obligation de faire en sorte que la résistance électrique reste constante ; à cette condition, la dynamo qui fournit le courant conservera sa marche régulière.
Au début de l’expérience, l’appareil ronfle et crache par les rainures des flammes colorées en pourpre. Elles trahissent la présence du cyanogène. Le carbone des électrodes fournit avec l’humidité qui les imprègne une petite quantité de gaz acétylène — et celui-ci avec l’azote donne de l’acide cyanhydrique. C’est la reproduction exacte de la belle synthèse réalisée par M. Berthelot. En même temps que les flammes, il se dégage, lorsque l’arc électrique est très puissant (400 ampères et 80 volts), des torrens d’une fumée blanche : ce sont des vapeurs de chaux volatilisée qui continuent de flotter, pendant quelques heures, dans l’atmosphère de la salle.
L’expérimentateur est obligé à quelques précautions. D’abord, dans certains cas, l’appareil dégage de l’oxyde de carbone. C’est, par exemple, lorsque l’on substitue à la chaux, comme matière du four, la pierre calcaire. L’acide carbonique, réduit à la fois par le charbon des électrodes et la vapeur de carbone de l’arc, fournit de l’oxyde en quantité suffisante pour provoquer chez les assistans, s’ils n’y prenaient garde, des symptômes d’empoisonnement. Enfin, dans les opérations de longue durée, l’expérimentateur doit protéger son visage contre l’action prolongée de la lumière électrique. On sait que celle-ci produit exactement l’effet d’un coup de soleil sur la peau et peut déterminer une congestion très douloureuse des deux yeux.
Le four électrique a doublé les ressources de l’expérimentateur en ce qui concerne l’action de la chaleur : l’étendue de l’échelle des températures auxquelles le chimiste peut soumettre les différens corps a été considérablement accrue. C’est, en définitive, l’un des agens les plus efficaces des mutations chimiques, dont l’activité se trouve multipliée. Un nombre énorme de faits nouveaux ont été mis au jour, et des chapitres entiers de la chimie minérale ont reçu une extension correspondante ; ils ont permis une généralisation très vaste des règles qui régissent les réactions chimiques.
Il serait vain de prétendre entrer ici dans le détail de tous les faits