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n’en pouvait être autrement, le gaélique n’étant point enseigné dans les deux écoles normales de Dublin et de Drumcondra. La grande habileté fut de décider que tout maître qui ferait passer avec succès à un de ses élèves l’examen pour cette langue recevrait une gratification de 10 shillings par élève. Tel instituteur réussit à se faire de la sorte, en une seule session d’examen, 21 livres de gratifications, soit 523 francs. Aussi voit-on que, faible au début, le nombre des candidats pour le gaélique grossit d’année en année. De 12 en 1881, il passe à 443 en 1888. Le gaélique, à cette époque, était officiellement enseigné dans 31 écoles. En 1889, 826 élèves se présentaient pour l’examen du gaélique et 512 étaient reçus. En 1890, il y avait 530 reçus pour 912 candidats. Et l’ascension continuait : le nombre des reçus était de 609 en 1893, de 706 en 1895, de 750 en 1896 ; il atteint aujourd’hui le millier. Même progression dans l’enseignement secondaire : de 49 élèves reçus pour l’examen du gaélique en 1883, le chiffre des reçus passait à 210 en 1888, pour atteindre 544 en 1896. Une dernière étape restait à franchir, un dernier bastion à emporter : après les National Schools et les collèges de l’Intermediate Education, l’enseignement supérieur. Mais celui-ci fut plus long à se rendre et ce fut le 2 novembre 1889 seulement que le Sénat de l’Université de Londres plaça le gaélique parmi les branches d’examens.

Voilà des résultats. On les doit pour une grande part à la Society for the préservation of the Irish language. Et d’avoir tant obtenu avec de si faibles ressources a rendu la société ambitieuse : parmi les motions qu’elle a fait adopter au Congrès de 1894, on peut signaler celle de son président, le comte Plumkett, demandant « que tous les gens capables de parler ou d’écrire le gaélique soient invités à se servir exclusivement de cette langue dans leurs communications entre eux et que tout candidat à une fonction élective prenne l’engagement de soutenir le mouvement linguistique irlandais. » Autre motion à signaler, celle-ci du P. Murphy, demandant « que le gaélique, jusqu’alors admis dans l’enseignement secondaire et supérieur, mais insuffisamment étudié, y soit traité sur pied d’égalité avec les autres langues anciennes et modernes. »

Pour considérable qu’ait été son rôle dans le relèvement du parler gaélique, la Society for the préservation of the Irish language ne remplissait et ne pouvait remplir cependant, par