sentimens particularistes des Lowlanders sont connus en Angleterre ; ils gagnent du terrain dans les Highlands. L’agitation agraire, qu’on pensa calmer en 1886 par la concession du Crofters Holdings act, peut reprendre d’un jour à l’autre ; au semblant d’autonomie que les Écossais ont déjà obtenu pour leur culte et leur droit civil, beaucoup rêvent d’ajouter l’autonomie économique et administrative. Une attitude intransigeante des pouvoirs publics risquerait d’ouvrir le conflit, comme il est arrivé dans le pays de Galles.
L’histoire de ce dernier pays n’est qu’une lutte de tous les instans contre les Saxons d’abord, contre les Normands ensuite, jusqu’au moment où la veuve d’Henri V épouse en 1428 le prince Gallois Owen, fils de Maredudd ab Tewdwr. De ce mariage naquirent deux fils, dont l’un, Edmond, épousa Marguerite de Somerset, descendante d’Henri III, et eut lui-même pour fils Henri de Richmond. On sait à la suite de quels tragiques événemens ce jeune prince « sans croix ni pile, » comme dit Commynes, et qui vivait à Paris des charités d’Anne de Beaujeu, fut porté sur le trône d’Angleterre par une coalition de Gallois et de Français. Devenu Henri VII, Richmond ne songea point à renier ses origines ; il inscrivit dans ses armes le dragon rouge de Galles et se fit fabriquer une généalogie qui le rattachait à Énéas de Troie. Ces satisfactions accordées au sentimentalisme des bons Gallois, Richmond tourna tous ses efforts contre la langue, la loi et les mœurs qui lui semblaient des réalités plus dangereuses. La politique qu’il avait instaurée lui survécut ou, pour mieux dire, elle s’aggrava. Le fait est qu’aucune dynastie ne se montra plus violemment et délibérément anglaise que cette dynastie galloise des Tudors. Si la principauté put tenir tête à l’orage, il en faut rapporter tout le mérite à l’indomptable énergie du clergé. L’antipathie des Anglais contre les Gallois, qui était et est peut-être encore une antipathie de race[1], ne s’envenima pas du moins ici,
- ↑ On aurait tort de croire d’ailleurs que cette antipathie n’a pas laissé de trace chez les Gallois d’aujourd’hui, pour fervcns loyalistes qu’ils soient. M. Zimmer en fournit maintes preuves. J’ajouterai la suivante : dans une conférence récente au Cymmrodorion de Cardiff, conférence à laquelle assistaient les principales notabilités du pays et l’honorable D. T. Phillips, consul des États-Unis, M. Hugh Edwards, directeur du Young Wales, rappelait aux applaudissemens de l’assemblée la remarque de sir Osborne Murpan. « que la majorité des Anglais considèrent avec une bienveillante tolérance ou une sentimentale sympathie la nationalité des Écossais et avec une inquiétude croissante ou de vifs remords celle des Irlandais, tandis que celle des Gallois, la plus nettement distincte de toutes, est regardée