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LA PEINTURE HOLLANDAISE
AU MUSÉE DU LOUVRE


I

Comme la plupart des collections formées au XVIIe et au XVIIIe siècle, le musée du Louvre offre peu de renseignemens sur les origines de l’école hollandaise. Ces maîtres de la première heure, dont les franchises naïves et les tâtonnemens inquiets nous ravissent aujourd’hui, étaient alors considérés comme des barbares. Jan Yan Eyck, le grand génie des Flandres, n’est entré dans le vieux palais de rois que sous Napoléon Ier. Ses contemporains ou successeurs hollandais, au XVe siècle, presque tous marqués de son influence, Albert Ouwater, Geertgen van Sint Jans, Dirk Bouts, n’ont point trouvé encore l’occasion d’y pénétrer. Pour connaître cette première école de Harlem, si personnelle déjà, malgré ses affinités flamandes, il faut aller à Berlin, Bruxelles, Amsterdam, Vienne. C’est là qu’on y saisit certains traits instinctifs, qui s’accentueront vite, grâce à la continuité du labeur : franchise de l’observation, sincérité dans l’expression, le goût des scènes réelles et familières, une passion profonde et naïve pour la nature extérieure et tous ses accidens pittoresques, un vif amour des colorations hardies, dans la force ou dans la clarté, avec un sentiment de plus en plus résolu de l’unité harmonique.

Toutes ces qualités originales, durant le XVIe siècle, n’allaient d’ailleurs pleinement se développer que par le contact presque ininterrompu des peintres néerlandais avec les peintres italiens, dont la gloire emplissait le monde. Cette première période, si