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LE SUCRE
ET
L’INDUSTRIE SUCRIÈRE


I

Le sucre joue un rôle considérable dans l’alimentation ; si l’usage en est interdit ou mesuré à certains malades, relativement nombreux dans les grandes villes et surtout parmi ceux chez qui l’intensité de la vie et la fièvre du travail affaiblissent l’organisme, il n’en constitue pas moins une nourriture utile à la majorité des hommes. Il est une des ressources des budgets modernes, auxquels il apporte souvent un contingent de recettes important : en France, les droits sur les sucres figurent aux pré- visions de 1900 pour 183 millions de francs ; en Allemagne, pour 120 millions. D’autre part, la législation de cet impôt a subi, au cours du XIXe siècle, des modifications nombreuses ; elle a, en dernier lieu, été établie sur un principe nouveau, celui du dégrèvement des quantités obtenues au delà d’un rendement de la betterave fixé par la loi, et compliquée par l’octroi de primes d’exportation. Celles-ci, à leur tour, ont fait dépasser à la question la limite des frontières de chaque pays ; elle est devenue internationale, à cause de la répercussion de la législation intérieure sur le prix des quantités exportées. Des conférences se sont réunies à plusieurs reprises, en dernier lieu à Bruxelles, pour arriver à une entente, pour essayer d’égaliser les conditions de la production et de la vente ; mais elles se sont heurtées aux difficultés que fait naître le protectionnisme et ajournées sans aboutir. Quoi qu’il en soit, la question a une vaste portée et mérite d’être étudiée au point de vue financier, puisqu’elle s’applique à un produit qui nous fournit le vingtième de nos recettes budgétaires, et au