dans les préoccupations d’un producteur ! Tous les procédés sont bons au talent : tous seraient insuffisans, s’ils devaient voiler la médiocrité. C’est du moins ainsi que nous en jugeons en France, et il est regrettable que Holz n’ait pas appris cette vérité à notre école. Mais, nous sommes en Allemagne, pour l’instant, et, dit Bartels, « on ne saurait blâmer chez la jeune école son goût pour la théorie, bien qu’il se soit traduit quelquefois par une véritable rage de programmes : c’est un trait proprement allemand : tous nos mouvemens littéraires ont débuté par une campagne critique et théorique. »
Nous allons établir, à présent, que l’initiateur du naturalisme conséquent fut de bonne heure préoccupé de la technique à un degré presque maladif.
En 1891, en effet, sous le titre de l’Art, son essence et ses lois[1], Holz, seul cette fois[2], publia une histoire rétrospective de ses expériences littéraires, et de ses recherches esthétiques, que nous allons chercher à résumer ici, car la lecture en est des plus piquantes.
Ce petit livre porte en exergue quelques lignes de M. E.-M. de Vogué, dont on est heureux de saluer le nom à la première page d’une œuvre qui est, en somme, un hommage rendu au rayonnement intellectuel de la France : « Par cela même qu’un homme est né pour les lettres, et qu’il en a l’amour, il s’attache aux doctrines régnantes à l’aurore de sa jeunesse : les premiers chefs-d’œuvre qu’il a admirés lui sont sacrés. Au jour de la maturité, quand il voit les générations nouvelles inquiètes d’autres dieux, c’est déjà beaucoup s’il peut les suivre : comment lui demander de les devancer ? Telle est pourtant la condition de sa gloire : oublier et détruire ce qu’il a aimé : partir pour l’inconnu en tête de l’esprit de son temps. » Et Holz va nous raconter comment il suivit ce
- ↑ Die Kunst, ihr Wesen und ihre Gesetze, Berlin, 1re et 2e partie, 1891 et 1892.
- ↑ Après la représentation de la Famille Selicke avait cessé la collaboration des deux auteurs de ce drame et de Papa Hamlet. Avant de se séparer, ils en réunirent les fruits dans un seul volume intitulé Voies nouvelles, qui renferme, outre ces deux publications, quatre autres récits réalistes. Johannès Schlaf a publié, auparavant et depuis lors, des œuvres remarquées. Son drame Meister Oelze, est une belle étude du remords. Mais il ne s’est pas associé aux réflexions et aux travaux théoriques de Holz, de sorte qu’il n’a pas sa place marquée dans notre essai.