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où le charbon ne coûte que 6 à 8 francs la tonne, il y est fondu, réduit en lingots et il vient faire concurrence aux produits américains et européens. Quand on sera parvenu à faire subir surplace aux minerais le traitement par l’électrolyse, en utilisant les nombreuses chutes d’eau de l’île, nul doute que les cuivres calédoniens ne parviennent à conquérir une très importante place sur les grands marchés du monde. — On trouve encore dans l’île des gisemens d’antimoine, de manganèse, de plomb associé avec de l’argent et du zinc ; mais les frais de transport ont jusqu’ici empêché l’exploitation sérieuse de ces métaux. L’extraction de l’or promet de meilleurs résultats : les filons sont riches, proches de la mer, et peut-être ne manque-t-il à notre colonie que de savoir habilement « lancer » une affaire de mine pour connaître, comme l’Australie, les jours agités de la « fièvre de l’or, » car, pour un métal très précieux, la question des transports n’est que secondaire. — Plus encore peut-être que l’or, le fer est pour la Calédonie une inappréciable réserve de richesses. Il se rencontre en masses énormes, surtout dans le sud de l’île, où il s’entasse en véritables montagnes, rougeâtres et dénudées, mais faites d’un minerai très riche et presque partout associé au chrome : le jour prochain où l’Australie fabriquera elle-même sa fonte et son acier, c’est fatalement à notre Calédonie qu’elle devra acheter du fer, car les recherches, stimulées par des primes, n’ont pu faire découvrir sur toute la surface du continent australien une seule mine de fer exploitable. Le fer tiendra certainement une très grande place dans les relations entre notre colonie et les ports australiens, il constituera pour les bâtimens de commerce un excellent fret de retour. — Quant à la houille, le sous-sol calédonien en renferme d’assez grandes quantités, mais le peu d’épaisseur et l’irrégularité des couches, tourmentées et disloquées, n’ont pas permis de commencer une exploitation importante. Peut-être de nouvelles études feront-elles découvrir des filons pratiquement utilisables, c’est-à-dire fournissant le charbon au même prix que l’Australie ; la fortune minière de la Calédonie serait alors vraiment complète.

Des mines, si riches soient-elles, dit-on souvent, ne suffisent pas à asseoir solidement la fortune d’une colonie ; leur prospérité est à la merci de la spéculation, elles n’attirent qu’une population instable et cosmopolite ; épuisées et abandonnées, elles ne laissent rien après elles : c’est l’agriculture seule qui fonde la prospérité