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le double avantage de rendre service à la colonie et de réaliser une notable économie.

Sans nous attarder aux problèmes de la colonisation pénale, constatons seulement que cette période est finie et que la Nouvelle-Calédonie entre dans une ère d’activité libre, vraiment pratique, et, il faut l’espérer, féconde. En un temps où l’expansion coloniale préoccupe tous les esprits prévoyans, l’avenir de l’archipel calédonien devait intéresser ceux qui ont pris à tâche d’assurer à la France un lot digne d’elle dans le partage du monde. La suite naturelle des événemens a, dans ces dernières années, attiré l’attention publique plus encore sur l’exploitation des colonies, qui allait commencer, que sur la conquête, qui s’achevait. Éveiller l’apathie française et diriger vers les pays d’outre-mer une partie de l’énergie nationale apparut à quelques hommes de dévouement comme l’œuvre nécessaire à accomplir. Ils multiplièrent les conférences, les livres, les associations, s’ingénièrent à chercher et à préconiser les meilleures méthodes. L’Union coloniale, le Comité Dupleix, l’Office colonial, se donnèrent ou reçurent pour mission de promouvoir et de diriger l’expansion de la France dans ses possessions lointaines. Par une heureuse réaction contre la dangereuse tendance à l’admiration aveugle des procédés anglo-saxons, toute une école d’écrivains, de professeurs et d’hommes d’Etat s’efforcèrent de retrouver, de vulgariser et d’appliquer les vieilles méthodes françaises de colonisation, comme les mieux adaptées au tempérament national et aux qualités si variées de la race. On s’avisa, avec juste raison, que, parmi nos colonies, les unes, de climat tropical, ne permettent pas à l’Européen de travailler, et que les autres, au contraire, de climat tempéré et sain, peuvent devenir de petites Frances nouvelles, peuplées, comme la mère patrie, de robustes paysans et parsemées de métairies florissantes ; la colonisation agricole fut prônée comme la plus conforme aux aptitudes d’un peuple dont l’agriculture est toujours restée la principale occupation. Il était naturel que la Nouvelle-Calédonie éprouvât les bons effets de cette activité nouvelle : l’île était bien connue et, depuis l’insurrection de 1878, complètement pacifiée ; le moment semblait venu de tirer le meilleur parti possible de ses richesses dans l’intérêt de la France ; le succès paraissait d’autant plus probable que la Calédonie est la plus saine de nos possessions et que le climat permet à l’Européen d’y vivre, de s’y multiplier et d’y travailler. On se mit avec