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gouvernement neutre ne tolérait pas un abus de son propre territoire, car de pareilles opérations ne pouvaient guère se poursuivre qu’avec son assentiment. C’est pourquoi M. Vandervelde, leader de la gauche socialiste, ayant interpellé le gouvernement belge sur le racolement d’hommes opéré par l’Angleterre en Belgique, M. van den Heuvel répondit, sur la foi de ses bureaux, que les bruits répandus à ce sujet n’étaient pas fondés. Mais le Mémorial diplomatique fit immédiatement observer que l’annonce suivante s’étalait dans plusieurs journaux belges : « Engagemens pour l’Angleterre. Les personnes qui désirent prendre un engagement dans l’armée anglaise sont priées de se faire inscrire de suite chez M. E. F. (ici l’adresse) à Bruxelles. » De même aux Etats-Unis : le major George A. Armes organisant librement une « expédition de flibustiers » à destination du Transvaal, on chercha des excuses et l’on manda de Washington, dans la première semaine de novembre, à la Correspondance politique que le gouvernement fédéral était impuissant à réprimer de telles menées, les entrepreneurs déployant une si grande prudence que les autorités n’auraient pas trouvé le moyen de justifier leur intervention. »

Au contraire, en Hongrie, le gouvernement fit d’abord les plus sérieux efforts pour empêcher une bande de recruteurs anglais de racoler des jeunes gens destinés à servir dans l’armée anglaise de l’Afrique australe[1]. En Allemagne, on agit d’une façon décisive : la Gazette de Voss était informée, le 20 décembre, par une dépêche de Kambourg (duché de Saxe-Meiningen) que la justice avait décerné un mandat d’amener contre un sujet britannique, accusé d’avoir recruté des Allemands pour l’armée anglaise. L’Espagne ne témoignerait pas la même impartialité, s’il est vrai, comme l’annoncent les journaux du 18 février, qu’on y laisse ouvertement recruter les volontaires pour l’armée anglaise dans les débits de boissons et dans d’autres lieux publics. D’après les journaux du 11 février, les gouvernemens de Vienne et de Budapest avaient interdit aux compagnies subventionnées de transporter cinq mille chevaux achetés en Hongrie pour le compte de l’Angleterre. Toutefois c’était déjà beaucoup que d’avoir toléré sur le territoire hongrois l’achat, par d’aussi grandes quantités, d’un tel matériel de guerre.

  1. V. les journaux du 22 décembre.