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il faut remarquer qu’elle avait pu pousser déjà, fort loin, l’étude générale des propriétés nerveuses, avec une anatomie encore rudimentaire. Dans l’exposé qui précède nous n’avons eu besoin, à aucun moment, de faire intervenir la structure microscopique. Malgré le préjugé général, nous pensons que les acquisitions remarquables faites par l’histologie du système nerveux dans ces dernières années n’ont pas changé grand’chose à ce que nous savions de son fonctionnement.

Il avait suffi de savoir que les centres nerveux étaient surtout formés par une masse de cellules nerveuses ; et, les nerfs, principalement de fibres. On a cru longtemps que c’étaient là deux élémens distincts. Ce n’est guère qu’après les observations de Deiters, en 1865, que l’on a commencé de croire à un élément unique, la cellule nerveuse. La fibre, ou, du moins, la partie essentielle de la fibre, celle qui en occupe l’axe, le cylindraxe ou axone est un prolongement de la cellule nerveuse. Beaucoup plus tard les belles observations de M. Ranvier ont appris que la gaine de ce cylindraxe était une production étrangère à lui, et d’ailleurs à peu près indifférente à son fonctionnement. Cette gaine singulière, à laquelle le cordon nerveux doit sa couleur blanche et son éclat nacré, est formée d’une série de cellules géantes, atteignant jusqu’à 1 millimètre et davantage, enfilées comme les perles d’un collier par le cylindraxe, et lui servant d’agens d’isolement et de protection en même temps que de prébendiers. Un élève de Ranvier, Vignal, en 1889, observa l’origine de ces élémens qui ne sont autre chose que des cellules embryonnaires du tissu conjonctif environnant, et la manière dont ils arrivaient à se disposer autour de l’axone.

L’une des conséquences de ces recherches fut de ramener à la loi générale de composition cellulaire l’élément nerveux et jusqu’à son enveloppe même. La règle : Tout est cellule et vient de cellule, se vérifiait encore une fois.

Quelques obscurités subsistaient néanmoins. La cellule nerveuse outre son prolongement de longueur colossale, l’axone ou cylindraxe, présente des ramifications très nombreuses qui ressemblent au chevelu d’une racine, mais que l’on n’avait pas pu suivre. Ces rameaux s’engagent dans les rameaux des cellules voisines, et ainsi se constitue l’inextricable fouillis fibrillaire au milieu duquel s’aperçoivent quelques corps cellulaires et qui constitue la substance grise des centres nerveux. On croyait qu’il