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de provoquer les diverses parties à l’action. Le nerf est le stimulateur des propriétés fonctionnelles ; il déchaîne les activités. Le muscle possède en lui tout ce qu’il faut pour sa contraction : il forme lui-même les réserves de glycogène qui devront être dépensées dans cet acte et qui libéreront l’énergie nécessaire à son accomplissement. Mais il serait incapable de passer de lui-même de la possibilité au fait, de la préparation à l’acte. Il resterait indéfiniment inerte, si le nerf ne lui donnait pas le signal de l’action. — De même, l’activité glandulaire est mise en jeu par la stimulation nerveuse. — De même encore, certaines activités nutritives ou trophiques, préparées dans l’élément anatomique, se réalisent sous la provocation du nerf.

Cette propriété stimulatrice du nerf est le pivot sur lequel tout repose. Il est clair qu’en provoquant au moment convenable ces trois sortes d’effets, mouvement, sécrétion, nutrition, le système nerveux sera en état d’entretenir et de régler la circulation, la respiration, la sécrétion, la calorification et la nutrition même, puisque ces fonctions générales de l’économie ne mettent pas en jeu d’autres espèces de manifestations vitales que celles-là.

La stimulation que le système nerveux transmet à l’organe fonctionnel, il la reçoit lui-même du monde extérieur : elle vient des agens physiques qui opèrent à la périphérie de l’organisme sur les surfaces sensibles et les organes sensoriels.

Les physiologistes ont dû se préoccuper de savoir si tous les phénomènes de l’être vivant étaient commandés ainsi par le système nerveux, ou seulement certaines catégories d’entre eux. On s’est demandé aussi quel était le processus intime de l’excitation, et de quels mécanismes physiques elle pouvait être rapprochée.

Un physiologiste très pénétrant, M. J.-P. Morat, a fait une étude approfondie de ces questions. A descendre au fond des choses, l’excitation de l’organe fonctionnel, du muscle, par exemple, est un fait chimique. Le stimulus nerveux est une amorce ; il agit comme une force de dégagement, pour ébranler un édifice chimique instable dont la destruction, une fois commencée, se poursuivra d’elle-même. Tous les fonctionnemens qui ont, à leur base, un phénomène chimique de destruction, — ce qui est le cas pour la contraction musculaire et pour beaucoup d’activités trophiques, —tous les processus qui n’ont besoin pour