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ombres pâlies qui apparaissent encore sur le panneau doré, tout terni et bronzé par l’haleine des cierges, saint Louis de Toulouse, presque grand comme nature, revêtu des vêtemens pontificaux, est assis sur un trône drapé. De la main droite il tient la crosse ; de la gauche il tend sa couronne vers le front de Robert, son frère, représenté à la droite du tableau, plus petit que le saint, comme il sied à un donateur, à genoux et les mains jointes. Au sommet du panneau, deux anges volent, tenant au-dessus de la mitre de l’évêque la couronne céleste pour laquelle il abandonna la couronne royale. Le roi paraît jeune, son profil est un portrait fortement caractérisé par l’ampleur du menton carré. Il porte le costume de cérémonie, une dalmatique en soie verte, avec de larges appliques en tissu d’or, une ceinture et une étole toutes garnies de plaquettes émaillées aux armes d’Anjou et de Jérusalem. La chape du saint est en brocart d’or ; elle est bordée d’un large orfroi qui reparaît sur la mitre et qui porte des écussons en losange où alternent les armoiries d’Anjou et d’Aragon. Il est clair que ce magnifique vêtement a été copié d’après un ornement authentique, dans le genre de la chape en drap d’or fleurdelysé que saint Louis a léguée à l’église de Brignoles et qu’on y expose le jour de sa fête, le 19 août. Le fermail rond de la chape est figuré sur le panneau de Naples par un cercle d’argent doré enchâssant des armoiries peintes, recouvertes d’un cristal, pour imiter le miroitement de l’émail ; le champ est mi-parti d’Anjou et de Jérusalem. Ce fermait, lui aussi, ressemble de près à celui qui ornait encore au XVIIe siècle la célèbre chape de saint Louis de Toulouse, conservée dans l’église de Saint-Maximin. Sous sa parure pontificale, le saint Louis de Simone Martini porte une robe de moine et la corde des franciscains.

Le tableau repose sur une prédelle à cinq compartimens. On y voit représentées par des figurines, singulièrement vivantes dans leur petitesse, les scènes suivantes : le saint se présente devant le pape assis sur un trône et lui désigne les franciscains qui le suivent, pour signifier son intention d’être admis dans l’Ordre ; les frères lui mettent l’habit et le pape lui impose la mitre ; il sert des pauvres à table ; il est étendu sur son lit de mort, entouré d’évêques, de franciscains et de laïcs : des estropiés et des possédés viennent toucher ses vêtemens ; enfin il apparaît à un groupe de femmes désolées qui entourent le cadavre d’un enfant. Entre la prédelle et le grand panneau, une bande coupée par six écussons