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LES SAINTS LOUIS
DANS L’ART ITALIEN

Vous vous souvenez, à Florence, de la chapelle des Bardi, au fond de Santa-Croce. C’est là que Giotto a peint la mort de saint François, d’une manière si simple et si souveraine qu’un peintre comme Ghirlandajo, quand il voulut reproduire la même scène, ne put que copier la composition du Maître. Il semble d’abord que la chapelle entière, jusqu’à la voûte où saint François est glorifié en compagnie de ses trois Vertus, appartienne sans partage au divin Pauvre. Mais fixez bien les quatre figures debout sur la muraille, dont le trou lumineux de la vitre fait la paroi plus sombre : au-dessus de sainte Claire et de sainte Elisabeth, deux saints français, peints aussi par Giotto, ont reçu droit de cité dans l’église florentine. L’un est saint Louis, évêque de Toulouse, imberbe et grave, tout vêtu de bure sombre, mitre, la crosse en main, et, devant ses pieds, une couronne. L’autre est saint Louis, roi de France, fermement campé comme un chevalier sous les armes, la couronne enfoncée sur les cheveux comme un casque, tenant d’une main le sceptre et de l’autre le cordon des tertiaires franciscains. Sur ses épaules est jeté un ample manteau à collet de vair, bleu et semé de larges fleurs de lys, qui luisent dans la pénombre si fièrement que la chapelle des banquiers florentins en semble armoriée aux armes de France.

Quittons un moment Florence pour nous transporter dans la ville sainte de l’Ombrie. Une fois entrés dans la basilique inférieure d’Assise, pénétrons dans la première chapelle de gauche, un réduit lumineux et frais ouvert sur la nef sépulcrale. Les murs, égayés de fresques claires, n’offrent plus aux regards le