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anglais, paraissant appartenir aux troupes indiennes, est venu lui prendre son argent dans la poche de son pantalon, puis sa montre, tous ses vêtemens, à l’exception d’un paletot, et l’a laissé tout nu dans une petite tente. Un autre captif (S. S. Koch), atteint au poumon gauche, n’a pas été mieux traité ; un soldat anglais lui a volé tous ses vêtemens et une paire de chaussures pendant qu’un médecin examinait sa blessure. Je vis, poursuit l’auteur de ce récit lamentable, le cadavre de l’adjudant commandant Bodenstein. Il était atteint d’une balle au sein gauche. On lui avait ôté les bagues du doigt et tout son argent avait disparu. Au cadavre de Piet Blignant S. on avait enlevé souliers, montre, argent, tabatière ; l’argent et une bague au cadavre de Willie Pretorius, receveur des contributions à Johannesburg. A Serwaas de Wet, qui n’était que blessé à la jambe, on avait pris son argent et sa bague. Le Hollandais Lepeltakhoeft, blessé par un lancier, s’était rendu : il reçut l’ordre de marcher et de tourner à gauche ; comme il ne se hâtait pas assez au gré de l’officier, une balle de revolver l’atteignit entre les épaules et resta dans un poumon. Il est mort le même soir. Hostes, dum vulnerati, fratres[1] !

Le général Joubert avait déjà signalé, le 18 octobre, au corps consulaire un fait monstrueux, presque incroyable. Les soldats de l’armée d’invasion ayant fait prisonniers près d’un wagon de provisions 18 Boers, dont 2 étaient blessés, les avaient attachés en une rangée à une longue et forte corde attachée à un canon Maxim, et les avaient traînés derrière ce canon en le faisant avancer.

Que faut-il penser des excès signalés par deux journaux allemands. Le baron de Dalwig, ancien capitaine de l’armée allemande, aujourd’hui capitaine chef de batterie dans l’armée des deux Républiques, écrit à la Gazette de la Croix (24 janvier) une lettre annonçant que des femmes et des jeunes filles ont été violées par des soldats anglais aidés par des noirs ; le landrost du district de Rustenburg aurait entre les mains les dépositions des victimes, faites sous la foi du serment. La Gazette de Francfort (même jour) publie le rapport suivant, envoyé, dit-elle, du camp boer des environs de Derdepoort. : « Nombre de paysannes et de

  1. Par malheur, ce document n’est pas isolé. Les journaux allemands du 16 janvier ont publié une lettre d’un jeune Mecklembourgeois, attestant qu’on lui a volé sa montre, sa bague, son argent : « des soldats anglais lui auraient à moitié cassé la tête, parce qu’il ne se laissait pas dépouiller de bonne grâce. »