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première de ces dépêches constate que « la violence des explosions a été terrible. » Les troupes anglaises firent pleuvoir sur les Boers, dans la bataille de Spion-Kop, des obus à la lyddite, mais qui paraissent n’avoir pas très régulièrement éclaté. Des meetings tenus à Minneapolis et à Saint-Louis dans les derniers jours de janvier[1] dénoncèrent cet explosif.

Il était à prévoir que les Anglais saisiraient, à un moment donné, l’occasion d’adresser un semblable reproche à leurs adversaires. En effet, s’il faut en croire le Times du 19 janvier, les Boers auraient employé contre Mafeking un nouveau canon, envoyant des obus qui contiennent un liquide chimique, et ce liquide les fait éclater aussitôt qu’ils sont en contact avec l’air. Mais le grand journal anglais ne manifeste aucune indignation : « ces projectiles d’un nouveau genre, dit-il, n’ont pas jusqu’ici causé de grands dommages : ils ont néanmoins allumé plusieurs petits incendies. » Les journaux français se sont bornés à remarquer que Mafeking était probablement sur le point de succomber, puisque le War Office avait laissé passer une dépêche accusant les Boers de précipiter la capitulation de cette place au moyen d’obus à pétrole. Le fait est-il établi ? le correspondant du Times a-t-il été, ce jour-là, bien renseigné ? Nous en doutons.

Au demeurant, il ne nous paraît pas démontré que les belligérans aient, dans ce premier ordre d’idées, dépassé l’extrême limite de leur droit.

2° La déclaration de Saint-Pétersbourg du 11 décembre 1868 est ainsi conçue : « Considérant que le seul but légitime que les États doivent se proposer durant la guerre est l’affaiblissement des forces militaires de l’ennemi ; qu’à cet effet, il suffit de mettre hors de combat le plus grand nombre d’hommes possible ; que ce but serait dépassé par l’emploi d’armes qui aggraveraient inutilement les souffrances des hommes mis hors de combat ou rendraient leur mort inévitable ; que l’emploi de pareilles armes serait dès lors contraire aux lois de l’humanité ; les parties contractantes s’engagent à renoncer mutuellement en cas de guerre entre elles à l’emploi par leurs troupes de terre ou de mer de tout projectile d’un poids inférieur à 400 grammes, qui serait ou explosible ou chargé de matières fulminantes ou inflammables. » On s’était demandé depuis plus de trente ans si les balles

  1. Télégramme de New-York du 29 janvier.