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LES CAUSES DIRECTES
DU
DIX-HUIT BRUMAIRE

I
LES RÉVOLUTIONNAIRES NANTIS
ET LA DERNIÈRE POUSSÉE JACOBINE[1]

Le Directoire avait hérité à l’intérieur de tout le passif de la Révolution ; entouré de difficultés immenses, il n’en surmonta durablement aucune ; il ne sut rien réparer et rien fonder ; il ne donna aux Français ni l’ordre ni la liberté. La faute en fut aux institutions, aux hommes et aux circonstances : à l’insuffisance de la constitution, qui créait partout le conflit et ne mettait nulle part l’autorité ; à l’incapacité politique des révolutionnaires, à la violence sectaire de leurs passions, à l’ignominie profonde d’une grande quantité d’entre eux ; enfin à la persistance de la

  1. Nous avons consulté, indépendamment des ouvrages et mémoires imprimés : les correspondances administratives et les rapports conservés aux Archives nationales ; la Correspondance générale au Ministère de la Guerre ; la collection des journaux ; une notice inédite de Jourdan sur le Dix-huit Brumaire, dont nous devons la communication à M. le vicomte de Grouchy ; les Mémoires de Cambacérès, rédigés sous le titre d’Éclaircissemens, et dont M. le comte de Cambacérès a bien voulu nous donner connaissance ; enfin d’autres documens de source privée, dont nous indiquerons au fur et à mesure la provenance.