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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars.


Nous avons aujourd’hui peu de chose à dire sur notre politique intérieure ; la quinzaine qui vient de s’écouler a été tout à fait dépourvue d’événemens importans. Le ministère continue d’expédier les affaires ; la Chambre continue, sans se presser, la discussion du budget. Les deux derniers budgets discutés et votés sont ceux de la Guerre et de la Marine. Le rapporteur du budget de la Guerre, M. Camille Pelletan, aurait produit sur la Chambre une impression plus sérieuse s’il n’avait pas affecté, dans son rapport et dans ses discours, un ton de raillerie et de persiflage où l’on sentait le parti pris de tout dénigrer. Ses critiques auraient certainement gagné à être concentrées sur quelques points bien choisis ; il les a multipliées et éparpillées à l’infini. Ce défaut de tactique a donné à M. le ministre de la Guerre des avantages dont il a très habilement profité, et, si la discussion de son budget a été longue, elle a marché jusqu’au bout sans rencontrer de difficultés graves. M. le général de Galliffet a triomphé toutes les fois qu’on lui a livré bataille.

La discussion du budget de la Marine a été troublée par un incident qui a failli tourner au tragique pour le Cabinet. Les journaux avaient parlé, depuis quelques jours, de la singulière fortune administrative d’un M. Philipp, pour lequel ses chefs avaient eu des complaisances inexpliquées, et qui, mêlé à de nombreuses affaires, dont quelques-unes plus que suspectes, avait obtenu à la fois des congés et un avancement également ininterrompus. M. Camille Pelletan, qui ne consacre pas tous ses soins à l’armée de terre et en garde une partie pour la marine, a proposé à la Chambre de manifester sa réprobation en diminuant de cent francs le crédit afférent à l’administration centrale. Il a raconté tout au long l’édifiante carrière administrative de M. Philipp, et ne s’est pas privé du plaisir d’agrémenter son récit de considérations désobligeantes, auxquelles sa verve naturelle pourvoit