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belligérans, mais aucun d’eux ne s’avisa de faire ressortir la distinction mise en relief dans les Instructions américaines de 1863. Au contraire, on s’empressa, dans tout le monde civilisé, d’assigner à cette attribution la portée la plus large, et d’en tirer toutes les conséquences possibles. Un peu plus tard, après le 15 janvier, certains organes du parti conservateur anglais demandèrent que les colons rebelles faits prisonniers au Cap ou dans le Natal fussent déclarés coupables de haute trahison et mis à mort : personne ne s’avisa de réclamer l’application d’un pareil traitement à ces autres vassaux révoltés, les Boers du Transvaal, tombés entre les mains de leurs adversaires. Le Novoie Vremia de Saint-Pétersbourg remarqua, dès le 26 novembre 1899, que les puissances avaient désormais le droit d’envoyer au Transvaal des détachemens de la Croix-Rouge ; d’installer des agens militaires au camp des Boers ; et qu’elles pourraient choisir le moment le plus favorable pour s’interposer entre les belligérans. La Gazette de l’Allemagne du Nord se félicita hautement de ce que l’Angleterre avait, en cessant d’envisager les Boers comme des rebelles, abandonné la plus absurde des thèses : elle ajouta que l’Allemagne pouvait à l’avenir exercer tous les droits, comme elle était astreinte à pratiquer tous les devoirs issus de la neutralité. Bientôt, en effet, la Société russe de la Croix-Rouge expédia de Saint-Pétersbourg aux Boers un détachement sanitaire composé de cinq médecins, de deux économes, de huit sœurs de charité, de quatre aides-chirurgiens, de douze officiers de santé, disposant de vingt-cinq lits et pourvu d’un matériel suffisant pour soigner au besoin cinquante malades. Cet exemple fut promptement suivi. C’est ainsi que la Société française de secours aux blessés adressa, du commencement des hostilités au 15 janvier, trois envois fort importans aux blessés de l’armée républicaine.

La Gazette de Francfort annonça, le 5 décembre, que plusieurs États étaient sur le point d’attacher des représentais militaires à l’armée des républiques sud-africaines. Déjà, depuis plusieurs jours, le lieutenant Weedner, du 23e régiment d’infanterie, en garnison à Trêves, avait obtenu un congé régulier d’un an sans solde, afin de suivre à l’état-major de cette armée les opérations de la campagne[1]. Une dépêche du quartier général boer, datée

  1. Toutefois la Deutsche Tages Zeitung reprocha vivement à l’Allemagne de n’avoir pas encore envoyé chez les Boers un officier qui la représentât officiellement.