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le scrutin du 4 mars devait prendre, dans la suite, une importance morale considérable.

Le 9 mars, la Chambre se réunit dans ses bureaux pour élire la commission chargée d’étudier les projets du gouvernement. Cette commission était présidée par M. Palberti ; le rapporteur était M. Grippo. Le rapport de M. Grippo, déposé le 22 avril, était un document du plus haut intérêt. Non seulement, en effet, il contenait une étude complète et très approfondie des importantes questions soumises aux commissaires ; mais, d’autre part, quand il fut devenu évident pour le général Pelloux qu’il ne pourrait faire voter ses projets de loi par la voie parlementaire régulière, c’est le projet Grippo qu’il devait prendre comme base du décret royal du 22 juin.

Mais, avant que la discussion en seconde lecture ne commençât, un événement important se produisit, qui faillit remettre en question le sort des provvedimenti, à savoir une nouvelle crise ministérielle. Le 1er mai, avait commencé, à la Chambre, une discussion sur les affaires étrangères, en particulier au sujet de l’intervention de l’Italie en Chine. Comme les opposans de Gauche, qui avaient surtout en vue les projets politiques, se coalisaient avec ceux qui ne critiquaient que la politique extérieure, le gouvernement craignit d’être mis en minorité. Alors le général Pelloux résolut de procéder comme l’avait fait, l’année précédente, M. di Rudini : sans attendre la fin de la discussion, il donna sa démission, le 3 mai, et fut chargé par le roi de constituer un nouveau cabinet. La solution de la crise n’intervint que le 14 mai, après des vicissitudes variées. La question capitale était de savoir si le général Pelloux allait s’orienter vers la Gauche ou vers la Droite. La première solution comportait l’abandon pur et simple des projets de loi ; la seconde, leur maintien. Or, le général Pelloux s’adressa à la Droite, et l’entrée de M. Visconti-Venosta dans le cabinet donna à la nouvelle combinaison son caractère nettement conservateur. Les provvedimenti étaient donc sauvés, une fois encore. Effectivement, le ministère, constitué le 14 mai, se présenta aux Chambres, le 25, maintenant dans son programme les projets de son chef.

La discussion en seconde lecture vint à la Chambre le 1er juin, et, dès le début, il fut évident qu’elle serait excessivement orageuse. L’Extrême-Gauche commença par proposer la question préalable, qui fut repoussée par 218 voix contre 73 ; ensuite elle