peu, « se laisse porter jusqu’à ce point de curiosité ou, pour mieux dire, de folie, que de lui mettre la main dans la bouche et de lui empoigner une de ses dents maxillaires pour en mieux connaître la forme. »
Peiresc avait beaucoup aimé les chiens dans sa jeunesse et plus tard, pour se débarrasser des souris qui rongeaient ses manuscrits, il leur avait, comme beaucoup de lettrés de ce temps, préféré les chats qu’il détestait d’abord. Il s’était dès lors mis en quête des plus belles espèces et c’est à lui qu’est due la propagation en France des angoras dont il appréciait fort le poil long, « soyeux et délicat. » On ne saurait dire avec quelle sollicitude il cherchait à conserver la pureté de leur race, surveillait leurs portées, envoyait à ceux de ses amis chez lesquels il pensait qu’ils seraient le mieux traités « les plus jolis chatons » et s’informait dans chacune de ses lettres de leur gentillesse et de leur santé.
Mais plus encore qu’aux animaux, Peiresc s’est intéressé aux plantes. La botanique était sa science favorite et ce n’était pas pour lui une étude morte. Il a certainement grand souci de toutes les publications qui ont trait à la nomenclature et à l’histoire des végétaux. De bonne heure, il a été en relations avec les principaux botanistes de l’Europe ; il est empressé à leur signaler les omissions ou les erreurs de leurs livres et il voudrait que les descriptions ou les images qu’ils donnent des plantes fussent de la plus rigoureuse exactitude. Toutes les fois qu’il le peut, il leur adresse des dessins exécutés sous ses yeux pour rectifier des planches défectueuses, pour suppléer à celles qui manquent. Mais avant tout, il tient à connaître lui-même ces plantes vivantes, à les découvrir dans les lieux où elles poussent et à les y observer. Il est un herborisateur passionné, et le pays qu’il habite est merveilleusement propre à entretenir chez lui cette passion. Aux environs de Belgentier surtout, la flore est d’une richesse et d’une variété extrêmes, à raison de la diversité d’altitude et d’orientation des montagnes, de la proximité de la mer et de la constitution même des terrains. On y rencontre à la fois des plantes méridionales, alpestres et maritimes. Peiresc connaît tous leurs habitats, et il vante à ses amis, notamment à de l’Ecluse, une certaine colline d’Anis, située dans son voisinage. Il aimerait à lui faire les honneurs de cette contrée « tant renommée pour les plantes singulières que les médecins y trouvent d’ordinaire… entre autres le vrai Styrax, qui fait une belle fleur blanche et bien souvent de la