Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

science du droit, en prenant ses leçons. Il avait donc écrit à son père pour le prier instamment de lui accorder, ainsi qu’à son frère qui était venu le rejoindre en Italie, la faveur de prolonger leur absence. Touché par la demande de ses fils, leur père se rendit à leur prière. Ce n’était pas seulement, du reste, la présence de Pacius qui retenait les deux frères à Montpellier, et cette ville était alors devenue pour toute la région le centre des études les plus variées. L’enseignement de la botanique, entre autres, y était depuis longtemps en honneur. La première, en effet, elle avait possédé un jardin public où se trouvaient réunies les plantes exotiques les plus rares qu’on connût alors, et Guillaume Rondelet, l’évêque Pélissier et Richer de Belleval avaient successivement contribué au développement de cette science. On conçoit le charme que tant de ressources d’instruction offraient à la curiosité de Peiresc. Il ne devait pas cependant négliger l’étude du droit, à laquelle il réservait le meilleur de son temps. Aussi, rentré à Aix à la fin de 1603, il y avait conquis avec éclat le grade de docteur le 18 janvier 1604. Mais toujours désireux d’accroître ses connaissances, le jeune homme obtint de son père de reculer encore son entrée au parlement pour donner satisfaction à un désir d’apprendre qui, avec l’âge, devenait toujours plus impérieux.

La ville d’Aix était aussi, à cette époque, un milieu singulièrement propre à contenter sur ce point ses désirs : archéologues, érudits, lettrés, poètes même, il y trouvait à qui parler. Avec son sens droit et ferme, sa haute probité et sa grande situation, le président du Vair, qui y résidait alors, était lui-même un écrivain et un orateur d’un rare mérite. Venu de Normandie en Provence avec le duc d’Angoulême, grand prieur de France, le poète François Malherbe s’était également fixé en 1586 à Aix, où il avait épousé une veuve, Madeleine de Coriolis, fille d’un président du Parlement et issue d’une vieille famille du pays. Ami de du Vair, Malherbe préludait à la charge de poète de cour en rimant en l’honneur de Marie de Médicis une pièce de vers qu’il remettait à la nouvelle reine de France au moment où elle passait par Aix pour rejoindre à Lyon son mari. En dépit de la différence des âges, Peiresc avait inspiré ù du Vair et à Malherbe une très vive affection. Ce dernier que son humeur, plus encore que les nécessités de sa carrière, devait séparer de sa femme jusqu’à la fin de sa vie, ne cessa jamais cependant d’être tenu au courant des