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mouillé des dragues à courans faisant fonctions de voiles sous-marines, étaient remorqués en sens inverse d’un courant de surface, même violent.


I

Quelles que soient les lois que l’on veuille découvrir ou vérifier, leur recherche s’appuie sur la connaissance de la conformation du lit océanique. Pour les sciences naturelles, historiques ou économiques qui ont pour objet l’étude des phénomènes ou des événemens qui se sont accomplis, s’accomplissent et par conséquent s’accompliront sur un certain espace continental, il importe avant toutes choses d’avoir l’aspect, le portrait de cet espace. De même, si l’on se propose l’examen des phénomènes de la mer, il est indispensable de posséder une image du fond de l’océan, de connaître son relief, le caractère de ses diverses régions, disposées ici en plaines étendues, ailleurs en collines ou en montagnes abruptes. Cette connaissance est du domaine de la topographie sous-marine. Le botaniste, le zoologiste, l’historien, l’administrateur emploieront des cartes topographiques terrestres, l’océanographe, le marin ou l’ingénieur des cartes topographiques marines représentant la forme et les accidens du sol immergé.

Il a fallu longtemps pour acquérir une notion de cette forme. On n’a guère commencé à faire œuvre vraiment sérieuse dans cette voie que depuis un demi-siècle. On ne saurait s’en étonner quand on considère les difficultés du levé d’une carte sous-marine. Que de temps avant que les cartes terrestres soient devenues dignes de foi, et pourtant elles sont incomparablement plus aisées à dresser. Au moins, sur terre, on y voit. Quelques points isolés étant fixés par des coordonnées qui permettent de les rapporter sur le papier à une échelle quelconque, la simple vue suffit pour obtenir la notion du terrain qui les unit et, par conséquent, pour pouvoir le représenter d’une manière approximative au début, et que l’avenir perfectionnera de plus en plus. Au moins les plaines et les montagnes seront indiquées. Jadis, on dessinait sur les cartes des files d’accens circonflexes qui, tout grossiers qu’ils étaient, indiquaient un terrain montueux, et cela suffisait dans une foule de cas. Pour les cartes terrestres, la configuration générale du pays s’obtient immédiatement.

Le problème devient plus difficile à résoudre avec les cartes