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LA RENAISSANCE
DU ROMAN HISTORIQUE


I

Ce peut très bien n’être qu’une velléité. Je ne réponds de rien. On ne sait, dit le proverbe, ni qui vit ni qui meurt, c’est-à-dire ni qui semble renaître alors qu’il achève de mourir, ni qui semble mourir alors qu’il se transforme pour une vie nouvelle. Mais enfin il semble bien que le roman historique, si délaissé depuis très près de cinquante ans, s’essaye au moins à reparaître et tente l’accès et éprouve ses forces. Voici la Rôtisserie de la reine Pédauque, qui date déjà de quelques années. Voici le Désastre de MM. Paul et Victor Margueritte, qui sera suivi d’un ou plusieurs volumes ; voici la Force de M. Paul Adam, qui, lui aussi, aura une suite et peut-être plusieurs. Plus récemment et d’hier, voici encore la Double Maîtresse de M. de Régnier, qui n’est pas sans devoir quelque chose, peut-être sans en avoir conscience, à la Rôtisserie ; voici la Mort de Corinthe de M. André Lichtenberger. Ce sont au moins des signes, pour ne pas dire des prodromes ; car il faut éviter les mots de mauvais augure.

Or le roman historique avait eu cette destinée de ne plus compter dans les préoccupations du public depuis environ 1850. On peut consulter le volume de M. Eugène Gilbert, le Roman en France pendant le XIXe siècle, qui du reste est un bon ouvrage, consciencieux et diligemment fait. Il sert, entre autres choses, à se rappeler avec précision ceci que tous les plus grands écrivains du siècle ont fait des romans historiques :