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dieu topique aurait eu à Ouessant un temple desservi par un collège de femmes, comme nous en avons vu dans d’autres îles bretonnes, à Batz et à Sein notamment. On en montrait, paraît-il, encore au siècle dernier, quelques vestiges et il est très regrettable qu’ils aient complètement disparu.

Comme Sein, Ouessant est un plateau de granit, mais d’un relief beaucoup plus élevé. Son altitude varie de 20 à 60 mètres ; son contour est formé de falaises abruptes entrecoupées de petites plages de galets et de sables, déchiquetées par les vagues d’une manière très pittoresque et presque toutes inabordables. La grande île a près de 3 500 mètres de largeur moyenne du Nord au Sud et 8 kilomètres de longueur de l’Est à l’Ouest. Au Nord-Est deux fortes saillies de la côte dessinent la baie du Stiff où se trouve le petit port d’échouage de Ligoudou. Tout à côté un autre petit enfoncement, la baie de Beninou, offre quelques facilités pour l’ancrage ; mais la tenue y est mauvaise à cause de la force des courans. Au Sud les mouillages de Penanroch et d’Arland présentent aussi d’assez médiocres abris contre les vents du Nord et servent quelquefois de refuge aux barques de pêche engagées dans le redoutable courant de Fromweur. La seule grande baie de l’île est celle de Lampaul, au Sud-Ouest, profonde de 2 milles, large d’un demi-mille seulement, placée dans une position exactement symétrique à celle du Stiff. Les deux petits golfes paraissent tout d’abord pouvoir se suppléer et se compléter suivant la direction des vents ; mais la grosse mer, les courans et les tourbillons rendent bien difficile le passage d’une anse à l’autre, et le périple autour de l’île bordée de falaises à pic, hérissée de pointes et d’écueils contre lesquels un bateau peut être à chaque instant poussé, est une manœuvre qui demande beaucoup de prudence et que ne doivent entreprendre que des marins du pays très exercés.

A Ouessant comme à Sein, ni arbres, ni arbustes. Très peu de terre végétale qui ne produit pas de blé, mais seulement de l’orge et des pommes de terre ; une assez pauvre lande, pâtis sauvage où quelques vaches maigres et quelques moutons broutent une herbe noire au milieu des ajoncs rabougris. C’est essentiellement un pays de pêcheurs.

Les autres îles de l’archipel ont le même aspect dénudé et sauvage et ne sont que des diminutifs d’Ouessant. La plus importante, Molène, située presque au centre du groupe, est la seule qui