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Port-Louis et Locmalo sont en quelque sorte deux annexes de Lorient. Tous deux sont à l’entrée de la rade, dans la grande embouchure où se mêlent les eaux du Scorff et du Blavet. Port-Louis portait même autrefois ce dernier nom ; on y a retrouvé quelques débris de l’époque romaine et les vestiges de l’ancienne route qui allait s’embrancher sur la voie consulaire de Vannes, Dariorigum, à Quimper, civitas Coriosopitum[1]. C’est la Blabia de la Notice des provinces du IVe siècle, dont le nom, comme on le voit, rappelle assez celui de la rivière du Blavet. Le port est situé en rade, enfoncé dans l’intérieur de l’anse de Diasquer, derrière une vieille citadelle implantée dans un massif de rochers dont la saillie dans le canal constitue un éperon protecteur. Locmalo est au contraire tout à fait à l’extérieur de la rade ; c’est le faubourg maritime de Port-Louis directement ouvert sur l’Océan. Port-Louis reçoit les produits ordinaires de commerce ; à Locmalo, se concentre le mouvement de la pêche. Le voisinage de Lorient, avec lequel ils sont tous deux en communication permanente par le va-et-vient continu des nombreux bateaux à vapeur, leur donne un très grand mouvement de voyageurs ; mais le trafic commercial est à peine de 3 000 à 4 000 tonnes.

A l’inverse du Scorff, le Blavet présente en amont de Lorient d’excellentes conditions de navigabilité. Les bateaux de mer peuvent remonter à pleines voiles sur 8 kilomètres jusqu’à Hennebont où ils prennent le contact avec les chalands de rivière. Au-dessus d’Hennebont, le Blavet est canalisé jusqu’à Pontivy où il rejoint le canal de Nantes à Brest. Le port d’Hennebont, admirablement placé pour desservir les vallées supérieures arrosées par le Blavet, a toujours été très fréquenté. Les bateaux de 200 à 300 tonneaux peuvent facilement se ranger le long de ses quais très bien installés sur les deux rives du Blavet, au pied de deux coteaux élégamment boisés. Sur leurs pentes se développent les trois quartiers d’Hennebont : la ville neuve, la nouvelle ville et la ville close, cette dernière présentant un dédale de rues étroites et tortueuses, bordées de maisons moyen-âge et renaissance, surmontées de curieux pignons à corniches et modillons qui surplombent, et conservant encore quelques restes de ses anciens remparts et une belle porte en ogive flanquée de tours et de mâchicoulis. Toute l’animation de la ville est sur les quais du

  1. Longnon, Les cités gallo-romaines de la Bretagne. Mém. du Congrès scientifique de France, XXXVIIIe sess. Saint-Brieuc, 1872.