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Philippovitch, professeur à Vienne, présente, à ce point de vue, le plus grand intérêt.

La loi tend à assurer la représentation des intérêts et à créer une sorte de coopérative entre tous les petits producteurs, leur permettant de travailler dans des conditions aussi avantageuses que les grandes sociétés de capitaux. « Ce qu’il importe de remarquer, c’est l’idée de l’organisation et de la représentation des intérêts suivant une classification pratique et utile, en assurant la collaboration des métiers à la solution des graves questions qui les concernent et en leur donnant le moyen d’élever la voix et de la faire entendre régulièrement dans les sphères officielles. » Cette idée de représentation des intérêts aura tôt ou tard pour conséquence une modification dans l’organisation du suffrage universel. On s’en préoccupe beaucoup en Allemagne, on commence à s’en préoccuper en Belgique et en Suisse, et elle apparaît déjà dans les programmes socialistes. Mais, jusqu’à présent, il n’a été fait aucune tentative législative dans ce sens.


V

Plus libre dans ses délibérations, le parlement autrichien a entrepris une véritable reconstitution du régime corporatif. Au premier abord, les lois sur les caisses de maladie, de vieillesse ou d’accidens semblent calquées sur la législation allemande ; au fond, l’esprit est très différent. Le législateur a voulu, avant tout, faire de la corporation un élément de combat ; il s’est préoccupé de sauvegarder la petite industrie et la petite propriété contre les empiétemens des capitaux coalisés et contre la concurrence juive. Ce besoin de protection et de résistance l’a conduit à reconstituer, sous une forme rajeunie, les anciennes maîtrises et jurandes. L’organisation est complète. Ouvriers et patrons trouvent dans la corporation la représentation de leurs intérêts et la possibilité de régler en commun les conditions de la production. Mais, comme il arrive le plus souvent dans les réformes tentées par voie parlementaire, l’effet de ces lois est faible, car elles ont à lutter contre une administration hostile, imbue des doctrines libérales, et tenue dans une sorte de servage par les sociétés secrètes et la haute finance juive. Le joséphisme est encore puissant dans l’administration autrichienne ; l’élément protestant et allemand continue, en dépit du souverain et du parlement, une guerre sourde et