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Je pense, contrairement à l’opinion générale, que nous avons trop de croiseurs ; et quant aux contre-torpilleurs, je les considère comme inutiles ; ils figurent dans une collection où on a voulu voir toutes les tailles.

Ce que nous avons dit de la défense des côtes nous permet de ne pas insister en ce qui concerne les torpilleurs, dont il ne faut pas s’exagérer le rôle militaire effectif, mais restreint.

Restent les sous-marins offensifs, dont la construction devrait être hâtée, en utilisant toutes les ressources disponibles.


V

Résumons nos conclusions :

Le rôle de la flotte française, dans une guerre contre l’Angleterre et, à plus forte raison, contre toute autre nation, est sensiblement nul, au point de vue de la défensive.

En effet, aucun des points stratégiques essentiels, aucun des organes vitaux de la France n’est à portée des coups d’une flotte ennemie.

Au point de vue de l’offensive, la Marine, au contraire, a un rôle important, quoique subordonné à celui de la Guerre ; elle doit permettre d’utiliser, par le débarquement de forces assez considérables pour prendre et garder pied, la supériorité énorme de notre armée de terre. Avec des cuirassés, des transports et, dans quelques cas, des sous-marins, elle doit nous permettre de conduire et de débarquer un corps expéditionnaire sur les côtes de la Grande-Bretagne, de l’Irlande, en Égypte, ou ailleurs.

Si, contrairement à notre opinion, cette action offensive sur le territoire de l’empire britannique était jugée impossible, nous serions d’avis que la flotte, entretenue à grands frais, est pour la France un objet de luxe, auquel il faut renoncer, pour en reporter les dépenses sur notre outillage national et notre armée.

Novembre 1899.


GENERAL DE LA ROCQUE.