ou mal rhabillé, du « cléricalisme » et de la « Congrégation ! » Aux heures difficiles où le corps électoral réclame impatiemment un programme et où l’on s’aperçoit qu’on n’en a point à lui présenter, on va le réveiller dans la poussière où il gisait, on le secoue, on l’époussète, on le maquille, on le tire de sa caverne, on le ramène au plein air ; des idota specûs on refait des idola fori ; et c’est hasard s’il ne se trouve une bande de moineaux pour s’en épouvanter et pour piailler autour ! .. La Commission de l’enseignement de la Chambre des députés, elle du moins, a tenu à le voir de plus près : elle a marché droit dessus, il s’est évanoui ; et, par 14 voix contre 9, elle a repoussé, 1e projet du gouvernement, exigeant des futurs candidats à des fonctions publiques un stage scolaire de trois ans dans les lycées de l’État, et, parce qu’il exigeait ce stage, ne tendant à rien de moins qu’à tuer tout enseignement libre et à constituer en ce pays une classe de citoyens réduits à cet unique droit civique de participer aux charges sans être jamais admis aux bénéfices. C’est là un sérieux échec, mais dans un engagement d’avant-garde. Lorsque viendra la vraie bataille, nous entendrons encore plus d’une conférence sur « la morale scientifique » et « les idées de Condorcet ! »
Et nous aurions à peu près achevé le tour de la politique intérieure dans la dernière quinzaine de janvier, si la journée du dimanche 28 n’avait vu les élections sénatoriales, ce renouvellement de la série C auquel nous avons fait allusion en commençant. Comme toujours, au lendemain d’un vote, les partis en présence se donnent beaucoup de peine pour tirer chacun à soi les résultats et les tourner en leur faveur. Les radicaux prétendent avoir gagné des sièges que les modérés ne consentent pas à avoir perdus, à moins que ce ne soient les modérés qui se butent sur le gain et les radicaux qui ne souscrivent pas à la perte. « Le scrutin signifie ceci ! » disent les uns. — « Pas du tout, répliquent les autres, c’est cela qu’il exprime ! » Ils ne se retrouvent d’accord que sur la clarté avec laquelle, dans un sens ou dans le sens contraire, les électeurs se seraient fait entendre. La vérité est, nous le croyons bien et nous le craignons bien, que les électeurs n’ont pas parlé si clairement et que le scrutin ne signifie pas tant de choses. Il en est de ces sortes de consultations comme des œuvres des grands écrivains, où d’ingénieux commentateurs découvrent, en les fouillant à la loupe, des beautés, des finesses et des intentions que l’auteur n’a jamais songé à y mettre et qu’il serait le premier tout étonné d’y trouver.
Dans la journée d’hier, qu’est-il raisonnablement permis de voir ?