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LA BONNETERIE DE SOIE
DANS LES CEVENNES

Il est une matière textile à la fois tenace, élastique et ductile à un haut degré qui se singularise en outre par sa remarquable aptitude à conserver la chaleur et l’électricité, et cette substance n’est autre que la soie.

Toutes choses égales d’ailleurs, un brin de soie supportera sans se rompre un poids plus lourd qu’un fil semblable de lin ou de coton ; soutiendra une charge aussi forte qu’une tige de même épaisseur en fer ou en laiton, ce qui peut sembler paradoxal, mais ne résulte pas moins d’expériences de physique fort exactes[1]. La soie est très élastique, c’est-à-dire que, tendue, elle obéit à la traction pour reprendre sa longueur primitive dès que l’effort de tension aura pris fin ; toutefois, si cet effort n’a été ni modéré, ni de courte durée, le fil abandonné à lui-même conservera en partie l’allongement obtenu ; en d’autres termes, la soie est ductile.

Les opérations que, dans l’industrie séricicole, on fait subir au fil de soie, comme le « décreusage, » ou cuite à l’eau de savon, et la teinture affaiblissent sans doute ces précieuses qualités ; la soie devient un peu moins solide, élastique, ductile, mais elle gagne en souplesse, acquiert un éclat, un brillant que font ressortir les nuances qui y sont incorporées artificiellement. Dès lors, la soie réunit un ensemble de qualités très remarquables qui expliquent la vogue dont elle a toujours joui et jouira longtemps encore, non seulement pour les étoffes tissées, mais pour les vêtemens de dessous au tricot. Ceux-ci réunissent la solidité et la

  1. Les cheveux jouissent de la résistance de la soie à un degré plus grand encore.