Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/687

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commercial, peut servir de refuge aux petites embarcations surprises par un coup de mer. La pêche y est assez active ; et une bonne plage y attire chaque année quelques étrangers pendant trois mois de l’été.

La Turballe, située au milieu à peu près de la petite baie limitée entre la pointe de Castelli et celle du Croisic, est beaucoup plus exposée aux tempêtes du large. Trois petites plages d’échouage y portent assez improprement le nom de ports. Tout autour cependant s’est groupée une population d’énergiques pêcheurs ; et, pour donner un peu d’abri à leurs barques, on a enraciné depuis une trentaine d’années un grand brise-lames de 200 mètres de longueur dans les rochers qui forment au-devant de la côte un groupe d’écueils très dangereux. Les résultats sont médiocres. Le port est en réalité presque impraticable par les grosses mers du large, et les vagues y pénètrent et y déferlent avec une violence qui ne permet pas même aux chaloupes de pêche d’y mouiller en toute sûreté. Plusieurs fois, elles y ont sombré ; et, pour éviter tout danger, on est obligé de les haler sur la grève au-dessus des atteintes de la mer, suivant les usages tout à fait primitifs des temps antiques. Dans ces conditions, la Turballe ne peut être qu’un port de pêche, Deux ou trois caboteurs y viennent cependant faire quelques apparitions pendant l’été, apportant de la houille anglaise aux sardiniers de la côte. Le pays est, en revanche, peuplé de hardis marins. La pêche très abondante de la sardine y entretient une certaine aisance, et la plage est assez fréquentée pendant la belle saison par quelques colonies de baigneurs.

Le Pouliguen doit son nom, Pol-Guen, port blanc, aux dunes très blanches et aux plages de sable qui l’entourent et qui miroitent quelquefois au soleil comme des cristaux. Dans ce pays de pierres noires, c’est un contraste qu’on ne pouvait manquer de noter. Le Pouliguen n’est que l’estuaire d’un petit étier qui alimente près de 400 hectares de marais salans, et ce chenal naturel était tout indiqué pour le transbordement des sels ; de grandes barques de faible tirant d’eau allaient les récolter autrefois en remontant un dédale de petits canaux sans profondeur, et on les chargeait ensuite sur des navires moyens à destination des côtes de Bretagne et de quelques pays du Nord. C’est aussi un petit port de pêche très vivant. Il est assez bien abrité contre les coups de mer du large par la pointe de Pen-Château, mais